« Lovedrive » avait marqué l’arrivée de Matthias Jabs au sein du quintet teuton en lieu et place de Uli Jon Roth, et ceci après un intermède assuré par Michael Schenker. Il était également synonyme d’un changement musical, Scorpions offrant à présent un hard-rock plus compact et plus agressif. Son succès ayant permis aux 5 d’Hanovre de franchir un palier supplémentaire, ces derniers décident donc de battre le fer tant qu’il est chaud et sortent ce « Animal Magnetism » dans l’année qui suit.
Pourtant, et même si les 2 premiers titres sont dans la même veine que ceux de « Lovedrive », ce nouvel album est beaucoup plus sombre avec une majorité de titres heavy. Malheureusement, tous ne sont pas à la hauteur de l’incontournable « The Zoo » qui cartonne toujours en concert avec son riff à la fois lourd et entraînant et son excellent solo à la talk-box exécuté par Matthias Jabs. Seul le titre éponyme réussit à se hisser au niveau de ce titre légendaire. Il est pourtant d’une lourdeur visqueuse, flirtant avec un doom sabbathèsque gluant et noir comme du goudron fondu. Malgré (ou grâce à) cela, son riff est hypnotisant et vicieux à la fois et nous installe dans une moiteur oscillant entre érotisme et magie noire. Pour le reste des titres au tempo lourd, « Hold Me Tight » ne réussit pas à décoller malgré le potentiel de son riff d’introduction. Le problème est sensiblement équivalent pour « Twentieth Century Man » aux paroles critiques envers la société de consommation. Alors que le riff semble particulièrement intéressant, le morceau donne vite la sensation de tourner en rond et nos venimeux amis ont le bon goût d’écourter ce titre au bout de 3 minutes, avant qu’il ne devienne réellement pénible. Enfin, malgré un tempo plus élevé et un riff également intéressant, « Falling In Love » connaît également ces problèmes de décollage manqué.
Heureusement, la doublette ouvrant l’album vient rehausser un niveau plutôt moyen, voir décevant. L’optimiste « Make It Real » opère dans un hard-rock mélodique classique dont le groupe a le secret, alors que « Don’t Make No Promises » (Your Body Can’t Keep) » est le premier titre écrit par Matthias Jabs. Et le fait est que le bougre sait appuyer sur le champignon avec classe. Le tempo est soutenu, le riff efficace et les paroles vicieuses. Tout ce qu’il faut pour réussir un bon titre de hard-rock. « Animal Magnetism » ne déroge pas à la règle de l’incontournable ballade avec « Lady Starlight » qui, sans être la plus grande réussite du groupe dans ce domaine, bénéficie cependant de l’intervention d’un ensemble à cordes, et surtout, d’un solo final gorgé d’émotion et interprété par Rudolph Schenker. Enfin, « Only A Man » vient compléter la liste des titres de cet album avec une introduction à capella, un bon riff hard-rock et des solos faisant suite à chaque refrain. A signaler également « Hey You », le bonus venant étoffer la réédition de 2001 avec ses couplets pop-métal rehaussés par un refrain au riff plus tranchant.
Au final, « Animal Magnetism » reste un album inégal, alternant le très bon, le moyen et le décevant. Certains titres donnent l’impression d’avoir été composés dans l’urgence et de faire office de remplissage. Ceci n’empêchera pas cet album d’être disque d’or aux Etats-Unis, bénéficiant probablement de la réputation méritée de son prédécesseur, mais également d’une interprétation sans faille et de quelques titres incontournables.