'Celestial' est le premier album long format d'Isis et qui marque un certain point de départ de leur remarquable carrière en tant que véritable fer de lance du mouvement post-hardcore au même titre que Cult of Luna ou Neurosis. Il succède à deux EP's sortis depuis 1999, soit deux ans après leur formation du côté de Boston.
A l'instar de la plupart des opus d'Isis, 'Celestial' possède une thématique. En l'occurrence, tout comme 'SGNL>5', 'Celestial' réintroduit les thèmes étranges des tours de contrôle (rencontré autrefois sur 'Mosquito Control') ainsi que celui de la femme (abordé dans 'Red Sea') Le concept de l'album tourne autour d'une tour de contrôle "mère" ("Celestial (The Tower)"), qui se construit ("Constructing Towers"), tombe en ruine ("Deconstructing Towers") et s'effondre finalement ("Divine Mother (The Tower Crumbles)" titre qui n'apparaîtra qu'un an plus tard dans 'SGNL>5')
A ses débuts et jusqu'en 2004 lors de la sortie de 'Panopticon', Isis, et à sa tête Aaron Turner, proposaient une musique sans concession, lourde, sombre et viscérale. Ici exit le chant clair accompagnant les hurlements que l'on retrouvera sur les prochains opus, alors que les plans calmes caractérisés par des guitares sans distorsion ne sont pas encore légion. A peine s'expriment-elles sur "Swarm Reigns (Down)" et "Collapse and Crush" de façon très succincte bien que composant par contre l'ensemble de "C.F.T. New Circuitry and Continued Evolution". Seuls les quatre intermèdes "SGNL", quoique jouant avec des ambiances poisseuses, viennent apporter un certain répit, ne coupant pas véritablement le rythme du fait de leur courte durée, et facilitant la digestion des morceaux les plus denses.
Le reste des titres croule sous une atmosphère plombée, entre riffs épais et batterie imposante. L'exemple le plus flagrant en est le mastodonte "Deconstructing Towers", rouleau compresseur instrumental expérimentant des aigus de guitares comme des parasites de signaux de transmission. Isis teste l'alternance de phases lentes et de vélocité imposante s'abattant sur l'auditeur de toute sa pesanteur monumentale.
Premier véritable pilier de l'édifice infranchissable que représente la musique d'Isis, 'Celestial' reste sans doute l'album le plus corrosif de leur carrière, carrière qui se verra muer vers des sonorités moins véhémentes.