Ce n’est pas tous les jours qu’une production d’une formation sud-américaine se glisse dans votre lecteur préféré. Les premières qui me viennent à l’esprit sont Sepultura et, dans le genre qui nous préoccupe, Angra. Mais si ces deux groupes-là sont brésiliens, celui-ci est argentin . Déjà une petite originalité, la seule? Un peu de patience !
C’est en 2003 que le groupe se forme autour de Stanislao Silveyra (Vocaux) et de Martín Guerrero (Guitares). Après un EP (Transgenia) en 2006, ils décident de produire ce premier album « Cognition » par leurs propres moyens.
Et bien, de ce côté, c’est plutôt réussi. Le son est bon, les instruments bien équilibrés. Seule la batterie aurait parfois pu être plus percutante, mais ce n’est sans doute pas uniquement une carence de la production.
Qui dit progressif, métal ou autre, laisse supposer une certaine expérimentation et originalité, et pas seulement dans l’origine des membres du groupe. Et ici, ça commence plutôt mal avec « Translation », qui fait trop dans le speed métal convenu, respectant consciencieusement les sentiers archi battus du genre.
Mais attention, il ne faut pas confondre originalité et variété ; « Cognition » est un album très varié, qui ne manque pas de changement de rythme, de break et de bridge, mais tout semble déjà avoir été entendu et réentendu. Un bel exemple - mais j’aurais aussi pu aussi prendre celui de « In Memory » - est celui de la plage « Sacrum ». Intro symphonique classique, finale au piano, descente de manche et lignes mélodiques convenues ; la bonne volonté va jusqu’à y introduire des vocaux sombres. Idée tellement courante à l’heure actuelle, mais encore eut-il fallut qu’ils soient vraiment sincères et un peu plus osés. Et pourtant, au sein du même morceau, il y a quelques idées qui font mouche : l’anglais est abandonné pour leur langue d’origine, une guitare acoustique se fait hispanisante, la batterie se lâche un peu et le guitariste nous gratifie d’un beau solo déchirant. Morceau hyper varié, mais qui aligne des recettes, plus ou moins réussies. C’est insuffisant pour imprégner notre mémoire... Et oui, la concurrence est rude.
Deuxième écueil, et il me posera problème tout au long de l’album, la voix ! Stanislao Silveyra l’a plutôt haut perchée, froide, mais aussi, à mon avis, trop banale. Qui plus est, elle manque crucialement de vie dans ce morceau comme dans d’autres (« Made As One », « Stay »). Le bougre fera pourtant, tout au long des 50 minutes, quelques efforts de variété, avec de la réussite, comme sur, par exemple, « Inneself » ou quand il se fait câlin, sur quelques lignes vocales de la deuxième plage, « The Dream Prisoner ». Ecoutez les pistes précitées, si vous aimez cette voix, le reste passera beaucoup mieux.
Revenons sur le guitariste, Martin Guerrero, car il sort vraiment du lot. Il sait parfaitement agencer descente de manche et accents mélodiques ou métal plus ou moins prononcés ; il devrait sans doute accentuer son exigence sur la composition. Le cas est cependant loin d’être désespéré. J’ai déjà cité « Inneself », pour ses efforts vocaux, mais le titre en entier vaut le détour. Bien sûr, la parenté avec Dream Theater est évidente, mais jamais la cohésion du groupe et la justesse des interventions n’ont été aussi bonnes jusque-là.
Sur leur lancée, ils enchaînent avec la plage titulaire, longue pièce de près de 8 minutes, dont certains passages sont encore bien pompés à DT, mais d’autres très réussis. Enfin, un « No Turning Back » tout simple, chant et chuchotements sur piano, guitare acoustique, arrive à créer une ambiance inquiétante qui laisse comme une envie de suivre la progression de ce nouveau groupe. Et il y a de la marge !