Troisième galette d’Asia, premier changement de cast. Steve Howe est retourné à ses premières amours, Yes, et est remplacé par Mandy Meyer, qui ne fera pas long feu, disons-le tout de suite. Ce guitariste helvétique n’avait participé qu’à un seul album auparavant, avec Cobra. Il offrira ses services à des formations comme House Of Lord, Gotthard surtout ou encore Krokus par la suite. Le reste de l’équipe ne change pas, avec Mike Stone à la production (rejoint par Geoff Downes), et Roger Dean aux pinceaux.
Sur les 10 chansons qui constituent cet AstrA (les fameux A de début et fin de nom), 8 sont cosignées du duo Wetton/Downes, les 2 autres étant signés du trio Wetton/Downes/Palmer. Point de Mandy Meyer donc, pigiste dans ce groupe aux membres prestigieux.
Alors que les 2 premiers Opus d’Asia n’étaient séparés que d’une année, 2 ans se sont écoulés depuis Alpha. Bon présage ? Le mieux pour le savoir est d’écouter le résultat.
Go perpétue la tradition qui veut que chaque disque débute par un tube. C’en est un, point. Pas du meilleur cru, mais il en a les caractéristiques. Mélodie accrocheuse, refrain simple mais qu’il est impossible d’oublier (Get Up And Go, pas compliqué en plus…). Ca marche ! A noter que Mandy Meyer met déjà sa patte avec un son plus saturé et un style plus métal que Steve Howe.
Avec Voice Of America et Rock And Roll Dream, Asia revient à une musique d’envergure supérieure. Un tantinet solennelle, mais plus ambitieuse que les autres titres de cet Opus 3. A noter l’intervention du prestigieux Royal Philarmonic Orchestra sur Rock And Roll Dream, du plus bel effet.
Hard On Me et Love Now Till Eternity font partie de ces morceaux qui énervent un peu, sans profondeur, comme il y en avait tant dans le précédent album. Bien arrangés, comme toujours, mais dispensables.
Au contraire de Wishing, alerte et frais, mais avec une nostalgie en fond qui fait mouche, ou de Countdown To Zero, dans lequel la guitare de Mandy Meyer apporte réellement un plus, dans une orchestration audacieuse à l’époque (sur un texte contre l’utilisation de la bombe, dont la fin, parlée, est plus puéril qu’autre chose…).
Too Late et Suspicion sont des titres moyens, avec ces mélodies si efficaces, ces arrangements à la Asia, mais une sorte de niaiserie dommageable pour un groupe de cette qualité.
La dernière chanson, After The War est à mettre à côté de Voice Of America et Rock And Roll Dream. Un final en grande pompe, avec une ligne de chant de haut vol. Le chant du cygne…
Au total, Astra est un ouvrage mitigé, dans lequel se côtoient l’excellent, le bon, le quelconque et l’irritant. Il se situe entre le réussi premier disque et le faible Alpha. Le départ de Steve Howe a été bien géré, mais qu’aurait-il fait s’il avait participé à ces enregistrements ? Mystère... Rendons tout de même hommage à Mandy Meyer qui est venu en session-man et a assuré ses parties avec cœur et talent. Cet album marque la fin d’une époque de l'existence d'Asia. Il sera en effet suivi en 1990 d’un Then And Now sans grand intérêt, mi best-of - mi-nouveau, avec des invités à la guitare tels que Steve Lukather ou Mandy Meyer (4 guitaristes pour 4 titres). John Wetton s’en ira pour plus de vingt ans avant de reformer le groupe original, avec les 4 membres du premier album.