Difficile de trouver des informations sur Nemezis. En allant fureter sur la toile, vous apprendrez au détour d’un site ou d’un autre que le groupe est d’origine polonaise, comme Riverside, Millenium (camarade du label indépendant Lynx Music), ou encore Retrospective, que leur musique de prédilection est le rock progressif, et… c’est à peu près tout ! Mais cette absence d’information va nous permettre d’aller à la découverte du premier disque de Nemezis sans être influencés. Alors allons-y, laissons tourner la petite rondelle dans le lecteur et écoutons…
Il en est du monde de la musique comme du reste, à savoir que certains deviennent des exemples pour d’autres et génèrent un mimétisme. Dans Nemezis, il y a un clone de Steve Rothery, illustre guitariste de Marillion. Marcin Kruczek a visiblement beaucoup écouté les premiers disques du groupe anglais, période Fish, et en a sûrement travaillé chaque partie de guitare avec assiduité. Tel un jeu de piste, vous pourrez vous amuser à trouver dans cet album tous les petits passages (3 ou 4 notes le plus souvent) vous rappelant Chelsea Monday, Lavender, Cliché (1er Album de Fish), ou autres (voir un peu plus loin). Alan Parsons Project, au travers d’un solo, est aussi évoqué. Est-ce un hommage ou un simple repiquage ?
Vous l’aurez compris, Nemezis exerce dans la catégorie Marillion, mais avec quelques différences importantes. En premier lieu, le chant est assuré par Madame - ou Mademoiselle - Karolina Struzycka, dont l’organe n’est pas un modèle du genre. Attention, elle ne chante pas mal, mais elle manque un peu de personnalité dans le ton comme dans le timbre. Comme la comparaison avec Fish est difficilement contournable, c’est parfois léger. Pour sa défense, la production, insuffisante, la dessert. Les autres distinctions se trouvent plus dans la composition elle-même.
Dès Without a Reason, l’ambiance est au Rock Progressif, et le restera jusqu’à la fin. Une longue introduction chantée, en douceur, puis ça se déchaîne. C’est là que les faiblesses de cet album se révèlent, car les idées sont bonnes mais moyennement mises en valeur. Lorsque Karolina hausse le ton, ça tombe un peu à plat, par manque de moyens. A l’inverse, chaque intervention de la guitare vaut son pesant d’or. Car, pour ceux qui aiment ce style, il y en a à revendre, et du bon. Marcin nous gratifie de deux soli dans la deuxième partie de ce titre qui n’ont rien de bluffant techniquement, mais qui sont chargés d’émotion. Ce guitariste ressemble vraiment à Steve Rothery, jusque dans le vibrato, les attaques de notes, le son et la composition des soli.
Unknown Tomorrow est ouvert par une guitare qui n’est pas sans rappeler… qui vous savez. Le chant alterne entre la rage et la douceur avec une certaine réussite, mais sans brio. La deuxième partie du titre est plus enlevée, avec encore une fois une guitare qui mène le bal, allant jusqu’à faire tout le final, un petit solo de clavier venant lui prêter main forte dans les dernières secondes.
With no Return débute comme une ballade. Mais nous sommes dans le monde du Prog’ et ça ne dure pas. A la moitié du titre, John Miles et son Music débarquent ! C’est fascinant ! Le thème de ce célèbre morceau littéralement revisité ! Mais le son du clavier utilisé est un peu cheap.
Somewhere in Time est une pièce en 2 parties. La première, lente, calme, sans relief, est un peu ennuyeuse. Mais elle avance tranquillement vers la seconde, ou le clavier, puis la guitare, s’en donnent à cœur-joie et terminent le travail en douceur.
A Moment of Life est une chanson de 4 minutes qui monte en puissance. On notera tout particulièrement le travail exceptionnel de la guitare dans les arrangements. Nemezis qui suit, fait penser à du Arrakeen pendant l’introduction. Le thème principal est un peu Metal, avec l’intervention d’une voix masculine qui n’est pas sans rappeler Robert Soeterbeok (Star One, Ayreon, entre autres).
Ce disque se termine sur sa plus longue pièce, The End. Toute en émotion, Katerina Struzycka est dans son élément. C’est certainement dans la première partie de ce titre qu’elle est le plus à l’aise. Après plus de 6 minutes de mélancolie (I Want to be Invisible…), le thème s’accélère et l’orchestration s’enrichit (orgue intéressant). Puis il va dériver petit à petit vers un instrumental qui va amener sur un plateau le solo de guitare. Honnêtement pas le meilleur de la galette. Le titre va se terminer un peu en queue de poisson sur le thème qui l’avait ouvert. Morceau long mais pas épique.
J’avoue être très partagé au sujet de ce premier disque de Nemezis. Les ‘pour’ et les ‘contre’ rivalisent. Voyons un peu. Les ‘contre’ : la production insuffisante, la chanteuse limitée, des passages trop influencés pour être honnêtes, et un style qui date. Les ‘pour’ : un sens de la mélodie indéniable, un guitariste créatif bien qu’influencé, un potentiel de composition qui ne demande qu’à se développer. La note reflète cette hésitation à aimer ce disque : ni bon, ni mauvais. Nous serions en 1983, la note aurait sûrement été supérieure…