"Modern Hippie", troisième chapitre musical pour Errorhead, groupe projet de Marcus Nepomuc Deml. Un petit rappel circonstancié pour présenter Marcus Deml, guitariste allemand d’origine tchécoslovaque. Ce musicien a derrière lui une longue carrière en tant que guitariste de studio avec au compteur environ 300 sessions. Parmi celles-ci, il a croisé Bobby Kimball (chanteur de Toto), Kingdom Com et même Nena qui connu un succès international en 1983 avec le hit "99 Luftballons". Côté scène, il a également accompagné Kingdom Come et aussi Saga. Marcus Deml peut donc être considéré comme un requin de studio. Mais l’envie d’écrire et de produire ses propres compositions l’a conduit à former le projet Errorhead en 1995. Le premier album, " Errorhead" est publié en 1998, suivi six ans après par "Errorrythm". En 2006, il est membre en tant que guitariste principal d’Electric Outlet, projet monté par le bassiste Frank Itt. D’ailleurs, et la même année, cette formation s’est fendue d’un énorme album, "On".
Les présentations étant faites, amorçons le retour vers "Modern Hippie", dernière production en date d’Errorhead. Pour accompagner Marcus, le tandem rythmique est composé de l’excellent bassiste Franck Itt ainsi que du batteur expérimenté Zacky Tsoukas (Attack, John Hayes, Billy Sheehan et Soul Doctor jusqu’en 2005). Les claviers sont confiés, en toute légitimité, à Tom Aeschbacher (Electric Outlet). Ce sont donc de vieilles connaissances qui ont entouré Marcus Deml pour bâtir les treize compositions de "Modern Hippie".
Cet album, dont le titre est révélateur d’un état d’esprit coloré, libre et ouvert, sied comme un gant à Errorhead cuvée 2008. Pour faire honneur à la face "Modern", le son de cet opus est bien représentatif de notre époque. Les titres, quant à eux, reflètent tout le talent de ce guitariste visiblement jamais en manque d’inspiration. "Modern Hippie" se laisse écouter sans anicroche, malgré l’abondance des styles proposés sur chaque plage. Tour à tour instrumentaux ou chantés, les morceaux font mouche grâce à un savoir-faire qui ne tombe jamais dans un univers démonstratif où l’ennui finit toujours par gagner du terrain.
Le fulgurant blues/rock "Connected" peut facilement en témoigner avec son introduction assez typée "Voodoo Chile". D’entrée, Marcus affirme sa patte en galvanisant un solo très technique et ravageur. Plus orienté funky et voir même un tantinet rap avec les vocorders, l’instrumental "For My Brothers" se montre tout aussi captivant. Le riff sautillant aboutit sur une suite de soli aux notes déliées mais néanmoins fortement appuyées. Les cristallins et très floydiens "Dave" et "Temporay Impression" marquent un climat plus lourd rempli d’émotion. Le phasé et le feeling de Marcus Deml se montrent particulièrement impressionnants sur ces deux titres.
Plus nerveux et rentre dedans, "Watch My Cloud" reste cependant très intéressant à écouter, car encensé par les interventions fulgurantes de Marcus. La sensibilité se fait plus marquer sur "Nothern Lights", tapissé des notes tendues et mélodiques se fondant tout naturellement vers un solo qui termine ce titre en apothéose. Une atmosphère teintée "World Music" inspire librement "Heaven" et "Banghra Baby" toujours sur les fondations d'une guitare saillante et lumineuse, avec en prime un précieux et efficace soutien du tandem rythmique qui s’en sort une fois encore avec tous les honneurs. La fibre mélodique de ce guitariste hors pair s’étale avantageusement sur "Follow Your Dream" aux sonorités plus aggressives sur les soli. "Tàta" clôture cet opus rafraîchissant sous des airs de jazz "manouche" où Marcus Deml sait se monter également très à l’aise. La guitare tient donc le haut du pavé sur l'ensemble de cette galette. Mais l’impression d'avoir à faire à un véritable groupe reste intacte, car l’implication des musiciens accompagnant ce six cordiste dans ce projet disposent d’une aptitude qu'il est bien difficile de prendre en défaut.
"Modern Hippie" se révèle donc une production riche, diversifiée mais tout en restant harmonieuse et de surcroît jamais rébarbative. Après l'avoir écoutée, il faut bien se dire que Marcus Deml a indiscutablement mérité sa récompense en 2005, à savoir un Award remis en main propre par Steve Lukather et Joe Satriani lors d’une cérémonie qui eu lieu au Rock’n’Roll Hall Of Fame de Cleveland. Même quelques années plus tard, cet état de fait renforce davantage l’aspect réussi de cet opus qui se doit de figurer en bonne place sur l’étagère à CD de tous les aficionados de la six cordes.