Ce groupe, qui n’avait encore à son actif qu’un EP éponyme, est originaire du Kentucky et est composé de David Pajo (Slint, Tortoise, Zwan, ...), Todd Cook (Shipping News, Slint, …), Tony Bailey (Slint), Michael McMahan (The For Carnation, Starkiller, …) et du chanteur Dahm (Starkiller). Parmi tous ces musiciens, David Pajo est probablement le plus connu pour son travail avec Slint, à la charnière des années 80 et 90, Tortoise et l’album post rock « Millions Now Living Will Never Die », et plus récemment en raison de sa collaboration avec Billy Corgan des Smashing Pumkins, au sein de Zwan en 2003.
Revenons quelques instants sur Slint qui, pour certains, est un véritable groupe culte, précurseur du mouvement post rock. Slint proposait à l’époque une musique inclassable, décalée, faite d’ambiance rock, de sonorités étranges, de rythmes décousus et d’absence apparente de mélodie, mais avec une homogénéité assez surprenante. Ces ingrédients ne se retrouvent pas vraiment dans la musique proposée par Dead Child, qui elle, s’apparente plus à du bon vieux heavy métal. Non, ce qui frappe à l’écoute des premières minutes, outre la sonorité « garage » assez réussie, c’est la voix de Dahm, qui possède une incroyable personnalité. Elle est pour beaucoup dans la réussite de cet album. Ensuite, il y a l‘ambiance pesante, bien mise en place par une rythmique de plomb. Les riffs et les solos sont plus convenus, souvent inspirés des années 70 (Black Sabbath, UFO) ou des années 80 (Iron Maiden, Judas Priest, Métallica). Et pas beaucoup de mélodie ici non plus, juste du métal sans fioritures.
Il faut quelques écoutes pour vraiment rentrer dans l’album, mais cela vaut le coup, car quelques morceaux sortent alors du lot. On retiendra « Sweet Chariot », qui ouvre l’album, et est sans doute le titre le plus immédiat ; avec un rythme bien emballé, des vocaux hargneux et des solos de guitare convenus mais bien agréables. Ou le tourbillonnant « Twitch Of The Death Nerve » sur lequel de très bons riffs de guitares s’ajoutent à l’efficacité de la section rythmique et aux superbes vocaux de Dahm. Peut-être la meilleure pièce de l’album, à écouter en boucle. Ou encore le rentre dedans « Eye Of The Brain » varié, aux ambiances tour à tour emballées ou lancinantes ; la cohésion des vocaux et de la musique y est, une fois encore, remarquable. Enfin, le doomesque « The Coldest Hands » finit aussi par nous faire succomber, mais c’est un peu à l’usure.
Il y a aussi de moins bonnes choses, comme le thrashy « Angel Of The Odd », dont certains passages semblent un peu pompés à Iron Maiden ou « Wasp Riot » trop linéaire dans sa construction. Cette recherche de métal épuré se termine par l’efficace « Black Halo Rider », agréable sans plus.
Il est compréhensible que Pajo et ses compères, après des années passées à pondre une musique recherchée, aient eu envie de revenir aux bases du métal. Mais il serait vraiment intéressant qu’ils accouplent leurs influences plutôt que de les dissocier. En tout cas, les musiciens se font manifestement plaisir, et le groupe possède une véritable personnalité ; c’est donc loin d’être l’enfant mort né annoncé.