Annoncé en grandes pompes 6 mois avant sa sortie par toute la presse spécialisée, voici donc le dixième album de nos bons vieux tontons teutons. Tommy Vetterli (ex Coroner) s'est éclipsé vers d'autres horizons et le groupe accueil en son sein Sami Yli-Sirniö, ex gratteux de Waltari.
Voici un album qui a fait couler beaucoup d'encre et de salive bien avant sa sortie, le frontman Mille Petrozza annonçant dans moult interviews le grand retour de Kreator au thrash métal des années 90. Après les expérimentations effectuées sur « Renewal », « Outcast » et surtout « Endorama », l’auditoire est dubitatif. Beaucoup argumentent, et ce avant d'avoir jeté une oreille sur l'album, que Kreator se livre ainsi à une évidente facilité commerciale, les 'retours' étant à la mode. Peut-être, bien que le discours de Petrozza semble sincère... Dans tous les cas, les vieux fans des premiers albums ne peuvent que se délecter d'un éventuel retour thrashisant.
Mais s'agit-il d'un réel retour aux sources finalement ? Pas exactement. Evidemment il ne fallait pas rêver un come back au cultissime « Pleasure To Kill », on imagine mal le groupe revenir à de telles épreuves de brutalité ne serait-ce qu'au niveau du son. C'est plutôt un retour au « Coma of Souls » de 1991, la pochette y faisant indubitablement référence.
Mais Kreator se révèle ici bien plus mélodique qu'à cette époque, même si on retrouve le style hyper carré du thrash Allemand de la fin des années 80 dans des titres comme « All of the Same Blood », « Violent Revolution » ou « Reconquering the Throne », ce morceau semblant d'ailleurs sortir tout droit du coma des âmes. Le choix de ce titre n'est évidemment pas innocent... Kreator a un message à faire passer à ses concurrents. Le chant de Mille nous renvoie directement dix ans en arrière, et nous surprend même sur « Ghetto War » avec des hurlements presque death métal. Par ailleurs, certains plans font bizarrement penser au « Sounds of Perseverance » du regretté Chuck.
Tout au long de l'album la recherche mélodique est présente, le groupe ne se limite pas à sortir des riffs typiquement thrash et c'est la principale différence entre le Kreator de 1991 et celui de 2001. La production effectuée par Andy Sneap (Nevermore, Machine Head...) est impeccable, comme d'habitude. Un album très propre, très carré, où rien n'est laissé au hasard à ce niveau de professionnalisme. Et c'est un peu le problème car cet opus a les défauts de ses qualités : toute cette belle machinerie bien huilée manque quelque peu d'âme et de spontanéité, tout le contraire du sauvage « Pleasure To Kill ».
A la base réservé, c'est tout de même avec un certain plaisir nostalgique que j'ai retrouvé Kreator pas loin de là où je les avais laissé en 1991. Même si l'ensemble n'a rien de 'révolutionnaire' et malgré quelques longueurs et une production à mon goût trop léchée, l'écoute de cet album se fait sans accroc majeur.