Forts de leur première démo "Gods Of Pit" écoulée à 500 exemplaires sous forme de cassette un an plus tôt, Belial investit le studio Tico Tico pour enregistrer ce maxi CD de 7 plages et 20 minutes. Si c'est leur production officielle la plus courte, c'est aussi très certainement la plus authentique. Nos cinq Finlandais sont originaires d'Oulu, le même patelin que Impaled Nazarene. Jarno Anttila (guitare/vocaux) les rejoindra d'ailleurs en 1992 et Reima Kellokoski (batterie) en 1995.
L'objet existe avec deux pochettes différentes. L'originale représentée sur ces pages est à présent introuvable. Elle a été remplacée par une réédition affublée d'une cover perdant complètement ce petit charme quelque peu naïf et dépouillé de la première.
Après une première plage, la bien nommée "Intro", à l'ambiance crépusculaire composée d'une minute et cinq notes de clavier froidement inquiétantes, l'auditeur entre dans le vif du sujet avec "The Invocation" titre bien représentatif de l'ensemble ayant toutefois la particularité de proposer le seul solo torturé du disque. L'impression de bloc compact inextricable laissée par l'écoute de "Wisdom of Darkness" est quelque peu diluée par quelques courts passages de claviers ou d'arpèges telles que les intros de "Of Servant Of Belial" ou encore "Losts Souls", rendant la bouillie épaisse plus digeste et apportant cette petite touche morne et lugubre tout au long du disque. Les principales caractéristiques de la musique de Belial sont à cette époque de leur courte carrière un Black/Death aux riffs primitifs, à la double pédale omniprésente et à fonds les ballons, que ce soit dans les blasts beats ou les (très) rares ralentissements. Les vocaux ne sont pas foncièrement Death ou Black mais un hybride des deux semblant nous parvenir des profondeurs d'un puits. Ils ne sont pas mixés trop en avant mais plutôt bien incorporés à la sauce tel un grondement au milieu du magma bouillonnant, et c'est heureux car ils sont quasi constants. Ne vous attendez pas à de longues plages musicales épiques, Jarno et Jukka baragouinent tout du long de la galette en se laissant même occasionnellement aller au susurrement/chuchotement, et poussent le vice sur "Rise of Hecate", petit intermède de 38 secondes qui n'est en fait qu'une succession de hurlements graves et stridents s'entremêlant, posés sur une rythmique pachydermique.
Avec les départs des guitaristes Jukka Valppu pour Mythos et Jarno Anttila pour Impaled Nazarene en 1992 quelques mois après la sorti de ce MCD, les productions suivantes de Belial prendront une orientation plus Death Metal sur "Never Again", pour plus tard avec "3" se tourner carrément vers un pseudo mixe bâtard de punk/rock/gothique. Sorti en 1995, il sonnera le glas du groupe. Il est indéniable que ce "Wisdom of Darkness" s'adresse principalement à un public nostalgique des Impaled Nazarene des premières heures, mais aussi à tout amateur d'ambiances sombres et de sonorités extrêmes.