Après un premier album éponyme passé quasiment inaperçu (il ne sera d’ailleurs édité en format CD qu’en 1999), « Wheels Of Steel » vient positionner Saxon au milieu de la nouvelle vague de Heavy Metal britannique (NWOBHM) et le moins que le puisse dire, c’est que cette arrivée est bruyante. Et ce terme s’applique aussi bien à la musique jouée par les 5 anglais qu’au succès que va avoir cet album. En effet, « Wheels Of Steel » fait partie de ces albums légendaires que chaque fan de musique metal se doit de posséder au sein de sa discothèque, sous peine de passer pour un inculte dans ce domaine.
Produit par le groupe lui-même et par Pete Hinton, « Wheels Of Steel » impose le style Saxon, en particulier grâce à l’arrivée d’une seconde guitare tenue par Graham Oliver. Le métal mélodique de Saxon s’en trouve étoffé et gagne à la fois en puissance et en mélodie, la complicité avec Paul Quinn étant évidente et débouchant sur des joutes de 6 cordes jouissives. Ceci deviendra une des marques de fabrique du combo, avec l’incontournable voix de Biff Byford ainsi que la basse vrombissante sur laquelle vient s’appuyer la plupart des titres. Le seul petit point faible de Saxon pourrait être le jeu de Pete Gill, qui loin d’être mauvais, n’en reste pas moins plus rock que métal.
Venons-en donc à la collection d’hymnes qui compose cet album, en commençant par le titre éponyme. Emmené par un riff à la fois lourd et efficace et renforcé par un refrain en légère rupture et à l’effet immédiat, « Wheels Of Steel » est devenu aussi incontournable dans le répertoire de Saxon que « Smoke On The Water » dans celui de Deep Purple ou « Highway To Hell » dans celui d’AC/DC. Il ne doit cependant pas faire oublier l’ensemble des titres de cet album qui s’enchaînent à tout allure sans laisser aucun instant de répit. Comme la pochette, le titre et l’intitulé de plusieurs morceaux peuvent le laisser deviner, cet album est particulièrement dédié à nos amis bikers. Et pour effacer toute trace de doute, le premier titre s’intitule « Motorcycle Man » et s’ouvre sur le son d’une moto passant d’une enceinte à l’autre à toute vitesse. Le tempo du morceau est rapide et le riff et le solo sont efficaces. Sans empiéter sur l’identité du groupe, l’influence de Mötorhead reste cependant sensible.
Autres titres incontournables de ce brûlot, « 747 (Strangers In The Night) » est également devenu un hymne live du groupe grâce à un riff simple mais entêtant et un refrain immédiat et mélodique sur fond d’harmonies de 6 cordes. « Stand Up And Be Counted » pose les bases de futurs classiques de Saxon tels que « Strong Arm Of The Law » ou « Dallas 1PM » avec un riff qui écrase tout sur son passage tel un rouleau compresseur et qui nous entraîne dans un headbanging incontrôlable. « Suzie Hold On » est, quant à lui, le morceau le plus mélodique de l’album, tout en restant dans le domaine du hard-rock, dopé par une basse ronronnante. Enfin, « Machine Gun » fait honneur à son titre de par une multitude de déflagrations à la guitare qui traversent un riff tranchant posé sur un tempo soutenu et illustré par un refrain claquant, avant une explosion finale dévastatrice. Là aussi, la bande de Lemmy n’est pas très loin…
« Wheels Of Steel » ne souffre donc d’aucun temps mort ni d’aucune faiblesse, et ce n’est pas par hasard si le panthéon des albums incontournables du hard-rock, et du métal en général, lui a ouvert ses portes. Il est donc surprenant de constater qu’avec des albums tels que celui-ci, ainsi que plusieurs de ses successeurs, Saxon n’ait jamais réussi à bénéficier d’une aura équivalente à celle de ses compatriotes d’Iron Maiden. Mais que ce mystère ne vous prive pas de vous régaler de ce concentré d’hymnes heavy metal.