Guill & Jem est un side project né de la rencontre du multi-instrumentaliste Jeremy Morris et du musicien argentin Guillermo Cazenave. Le premier est un bourreau de travail. Tournant à 2 ou 3 albums par an, sa discographie est tellement grande que personne ne peut se vanter d'avoir réussi à retrouver toutes ses productions à ce jour. Le second est surtout connu pour son travail aux côtés d'Anthony Philips (guitariste fondateur de Genesis) à la fin des années '90.
Two Suns est leur premier bébé. Et quel bébé... Un double album de plus de 80 minutes de compositions pop, folk, légèrement progressives et psychédéliques. A la manière de Simon & Garfunkel dans les années 60, nos deux musiciens optent pour des chansons courtes (entre 1 et 4 minutes pour l'essentiel de l'album) accompagnées de guitares acoustiques et autres instruments folk.
Le double album ne mérite déjà qu'un intérêt très limité. Si la musique psychédélique de Simon & Garfunkel était appréciable et novatrice dans les années 60, elle ne présente plus aujourd'hui de grosses surprises. Les ballades sont certes jolies et calmes, mais au final assez soporifiques. Et l'apport de la pop chrétienne de Jeremy Morris n'arrange pas franchement les choses.
Prenons par exemple le morceau Home In The Sky du second CD. La voix aiguë soutenue par un clavier d'église rend la chanson complètement dépassée. A côté de ces compositions folkeuses et sans surprises, il y a parfois un morceau, une minute, un accord qui sort du lot. C'est l'exemple du Secret Agent, premier morceau du premier album. Le ton métallique de la guitare acoustique attire l'oreille. C'est progressif, c'est différent... C'est surtout plus original que le reste.
Certes, ce folk psychédélique des sixties est plaisant, sans taches. Mais au bout de 80 minutes, il est difficile de retenir un morceau qui se démarquerait des autres. Peut-être l'Electric Fetus du premier album. Là encore, la guitare acoustique et la voix moins aiguë se mélangent bien pour un morceau plus progressif, moins "christian pop" et plus original. Mais ces surprises sont rares. Même le morceau de 12 minutes qui clôture cette double galette, Truth ne parvient pas à relever la sauce. Bien du contraire, il résume encore une fois tout le manque d'originalité, le ton mielleux, le sirupeux qui colle aux doigts et aux oreilles d'un folk trop mou.
Au final, c'est assez déçu que l'on sort des 80 minutes d'écoute de cette double-galette. L'on pourrait comprendre la nostalgie de certaines personnes à refaire des albums parfum années 60. Mais nous ne pouvons reconnaître à ce genre de production qu'un intérêt plutôt limité. Et puis, pourquoi ne pas se limiter à un simple album ? Etant donné que les chansons sont toutes plus ou moins semblables, un album unique d'une cinquantaine de minutes aurait suffit à faire le tour de la question. En un mot comme en cent, les quelques rares perles de cet album ne sont pas suffisantes pour justifier que l'on s'attarde plus longuement sur cet objet...