Après l'éblouissant « Drawing Circles », il va sans dire que Textures était attendu au tournant. En gros et pour la faire courte, les hollandais allaient-ils confirmer tous les énormes espoirs que nous avions placé en eux ?
Contrairement à ce que le premier contact visuel peut laisser présager, la recette magique de « Drawing Circles » est reprise ici quasiment à l’identique, à savoir un death progressif atmosphérique/technique, vecteur d’émotions extrêmes, jouant sur le contraste d’atmosphères claires/obscures, à l'instar de l’artwork d’Eric Kalsbeek présentant une antinomie entre la beauté et l'horreur. Seule différence notable, « Silhouettes » est moins dans un esprit conceptuel musicalement parlant que son prédécesseur. Ici chaque titre a son identité propre.
L’ouverture « Old Days Born Anew » annonce clairement la couleur, couleur que l'on retrouvera tout le long des huit titres suivants, à savoir une musique dans un style caractéristique des hollandais où plane l’ombre de Devin Townsend. Le parallèle avec le génie canadien vient immédiatement à l’esprit tant par le style musical emprunté que par la performance d’Eric Kalsbeek aux envolées mélodiques plus superbes que jamais, dignes de celles de l'incontesté maître canadien. De la même façon, mais à un niveau moindre, certains passages polyrythmiques rappelleront parfois Meshuggah…
Mais ces parallèles s’arrêtent bel et bien là, Textures a définitivement affirmé sa personnalité et se positionne comme un grand de la scène death prog au sens large du terme. En effet, au-delà du jeu des comparaisons nécessaires dans le but réducteur de mettre un groupe dans une case et de pouvoir aiguiller le néophyte sur des terrains connus, le son Textures est parfaitement identifiable et reconnaissable entre tous…
A cet égard, les hollandais nous proposent un mélange extrêmement explosif, savamment dosé de neuf titres death progressif technique/atmosphérique qui repousse toutes les limites imaginables, comme le sublime « Awake », titre qui, une fois apprivoisé, vous transportera vers des sommets d’émotion d’une rare intensité ! Et que dire du final « To Erase A Lifetime » ? Cette clôture en apothéose est une montée en puissance hallucinante, sorte de voyage au plein cœur d’un large éventail d’émotions fortes, via d’incessants changements de rythme qui se termine sur une explosion apocalyptique : l’EXTASE ! Sentiment sans cesse renouvelé au gré des neuf pépites proposées, chacune d’entre elles ayant son charme propre, que ce soit du sublime mélo-mélancolique « Messengers » au ravageur mélodeath agressif et néanmoins ultra accrocheur « State Of Disobedience ».
C’est donc sans surprise que Textures revient avec un « Silhouettes » dans la droite lignée de son prédécesseur « Drawing Circles » qui devrait sans aucun doute ravir ses fans. Pour ce troisième effort, les hollandais ne déçoivent en rien les espoirs placés en eux. Ils affinent même un style déjà bien affirmé, et confirment encore un peu plus leur statut de groupe référence de la scène death progressive. Ce « Silhouettes » se place tout simplement comme un prétendant à la place d’album de l’année 2008 !