Quand il n’officie pas en tant que capodastre humain sur certains plans pédagogiques hyper techniques et visuels de Paul Gilbert (avec son modèle de guitare signature à deux manches), ou bien en tant que guitariste studio dans des collaborations diverses et variées, ou encore quand il ne travaille pas sur des musiques de film ou des projets TV, Michael Elsner trouve enfin le temps d’enregistrer son premier album studio : oui, le sien !
L’album ‘Stained Voodoo’ est en fait paru en 2006 (depuis cette date, il officie à temps plein dans son nouveau groupe pop/rock ‘Chasing Saints’). C’est une production quasi exclusivement instrumentale : quasi car le titre final est chanté. L’album mixe l’ensemble des influences et styles que Elsner affectionne : parmi ses influences, on compte notamment Gilbert, Satriani (on en reparle tout à l’heure), Johnson, Kotzen, Vai… Vous l’aurez compris, l’empreinte ‘guitar hero’ est donc forte !
‘Stained Voodoo’ est donc un album instrumental orienté guitare. La production est très bonne, le son de gratte y est crémeux à souhait et s’accorde avec différents styles : rock, métal, funk, blues… Tout en gardant une base très rock, l’album propose une démarche éclectique, mettant l’accent sur le côté électrique de l’instrument tout en tendant la main à l’acoustique, notamment au travers du titre ‘Kayleigh’s Dream’ et du dernier morceau ‘You Again’ : seul titre chanté de l’album, la balade qui fait un peu cliché et qui s’avère un peu sirupeuse lors de la première écoute (naviguant dans des eaux résolument pop, rappelons qu’Elsner se consacre davantage à l’heure actuelle à son nouveau groupe pop/rock), mais dévoile son coté mélodique et devient davantage intéressante au fur et à mesure des écoutes.
En parlant de cliché, ce n’est pas le seul… Je parlais de Satriani tout à l’heure : il est vrai que l’ombre du maître de la six-cordes, celui qui a marqué au fer rouge toute une génération de guitaristes, plane sur plusieurs titres, à tel point qu’Elsner a même intitulé un morceau ‘Satch’ en hommage ou en clin d’œil. Sûrement une manière d’avouer clairement ses influences et d’éviter les critiques trop orientées sur la question… Au final, ce titre est carrément calqué sur le tubesque ‘Summer Song’ du maître, période ‘The Extremist’ (la meilleure).
L’album est très bien équilibré, les arrangements soignés et les compositions très structurées. La mélodie est omniprésente et l’alternance entre riffs grassouillets et thèmes accrocheurs captent l’attention et l’intérêt de l’auditeur. On y retrouve un grand nombre d’ingrédients savoureux : les riffs rock, bien gras et accrocheurs comme dans le superbe titre d’intro ‘Crack Puppies’ et ‘Tsunami’, ou bien davantage dans un esprit hendrixien dans ‘Voodoo’, les ambiances funky avec les sons qui vont bien, plus particulièrement les rythmiques cocottantes comme dans ‘King it Down’ et les passages slappés de ‘Needle in the Groove’, les thèmes crémeux agrémentés de sons se sitar comme sur ‘Chameleon’ et les digressions acoustiques comme dans ‘Kayleigh’s Dream’…
Tout est parfaitement exécuté : la technique, il y en a mais sans plus, elle est plutôt là pour asseoir un jeu très propre au service de la mélodie. Avec dix titres et à peine plus de quarante minutes, l’album pourra être taxé de trop court mais d’autres pourront dire qu’il va direct à l’essentiel et fait finalement dans le concentré.
Ce premier album devrait ravir tous les amateurs de feeling à la sauce guitare, notamment ceux qui préfèrent les couleurs rock et les mélodies bien ficelées, sobres et efficaces. Ça fait quand même pas mal de guitaristes prometteurs qui apparaissent ces derniers temps : des premiers albums qui s’avèrent très riches… Assisterons-nous à un revival de la guitare instrumentale, autrement qu’au travers de la console de jeu Wii ? Wii, Wii, je l’espère ! En tout cas, Elsner pourrait avoir sa place dans le paysage guitaristique du genre.