Inflikted est l’album évènement de la réconciliation des frères Cavalera après plus de 10 ans de brouille suite au départ de Max Cavalera de Sepultura fin 1996.
Rappelez-vous… Sepultura, alors au sommet de sa carrière après un Roots unanimement salué par le public et la critique, avait du faire face à une grave crise suite au départ de son chanteur/guitariste parti fonder le groupe Soulfly aux influences proche du néo métal alliées à des sonorités thrash.
Mais en 10 ans et 5 albums et malgré la qualité de ces derniers - Dark Age notamment en 2005 - jamais Max Cavalera ne réussit à retrouver le même niveau de popularité qu’il connu avec son groupe d’origine au milieu des années 90. De son coté, Sepultura, eut le même problème et les 4 albums de bonne facture avec un nouveau chanteur, Derrick Green, ne furent pas suffisant pour conserver un succès en déclin constant, changeant même de label pour atterrir chez un modeste distributeur.
On aurait pu alors revoir Max Cavalera chez Sepultura. C’était sans compter sur le refus de deux de ses membres, Paulo Jr et Andreas Kisser qui firent capoter ce projet entrainant le départ d’Igor Cavalera, batteur, peu de temps après avoir fait la paix avec son frère. C’est donc fort logiquement que les deux hommes décidèrent de retravailler ensemble autour d’un projet commun, d’abord nommé Inflikted puis rebaptisé Cavalera Conspiracy pour mieux souligner le retour de la fratrie au premier plan musical. Les deux frères s’adjoignirent les services du bassiste de Gojira, Joe Duplantier et de Mark Rizzo, guitariste de Soulfly.
On pouvait s’y attendre, « Inflikted » sonne comme un mix entre ce que faisait Soulfly et le vieux Sepultura de l’époque Arise, Chaos AD. Se retrouvent ainsi dans cet opus, les petites touches néo metal et hardcore chères à Max Cavalera depuis quelques années et une face thrash très envahissante reléguant au rang de souvenir les éléments tribaux et autres passages mélodiques que Soulfly pouvait proposer sur ses albums.
Cavalera Conspiracy nous assène ainsi 11 titres directs et hargneux. Le début de l’album est un quasi sans-faute avec un titre éponyme d’une rare efficacité, aux forts accents de Soulfly contenant un refrain hurlé par un Max Cavalera en transe. L’étalage de puissance continue avec le single « Sanctuary » caractérisé par un énorme break et des parties de batteries dont seul Igor Cavalera a le secret et « Terrorize » qui retrouve un peu du son de Soulfly grâce notamment à des passages plus tribaux et quelques accents hardcore sur le refrain pour un résultat titanesque.
Déboulent alors les deux tueries de l’album. « Black Ark » tout d’abord, qui voit Joe Duplantier pousser la chansonnette, apportant presque une touche death métal au titre, puis « Ultra Violent », mélange entre le son de Gojira et celui de la famille Cavalera. Ce titre s’avère être redoutable d’efficacité avec un chant ultra lourd et une musique qui n’oublie pas l’aspect groovy mélangé à une face thrash death, qui n’est pas sans rappeler Morbid Angel.
Un certain flottement se fait alors ressentir avec des titres hardcore certes puissants mais assez banals et vite oubliés tels « Hex » et son chant trop criard ou « The doom of all fire » qui peine à convaincre malgré un final ultra brutal.
C’est avec Bloodbrawl que l’intérêt renaît. Le titre qui débute comme ses prédécesseurs dans un genre hardcore mainte fois entendu, est sauvé par une fin entièrement portée par Mark Rizzo qui nous sort un solo d’une grande classe, bien heavy puis qui se lâche complètement sur le final en apportant la petite touche mélodique et technique qui manquait un peu jusque là. Et après un Nevertrust d’une rare violence, aux frontières du death métal, le talent du guitariste explose de nouveau sur « Heart of Darkness » par le biais de quelques soli bien thrash.
Ce super groupe des frangins Cavalera nous offre donc avec ce « Inflikted » un bon premier jet plus convainquant que la plupart des disques de Soulfly et de Sepultura sortis depuis le split. Maintenant, et malgré la presque totale réussite artistique, on peut se demander si cet album ne serait pas une tentative de tâter le terrain en vue d’une éventuelle reformation de Sepultura avec les frères Cavalera... Quoiqu’il en soit, le fan de thrash à la sauce des brésiliens ne sera pas déçu du voyage proposé ici malgré les quelques petites imperfections restantes.