Quinzième album pour les texans de King’s X (en comptant le premier album sous le nom Snake Preview) et c’est tout naturellement que ce nouvel album s’intitule « XV ». Trois ans se sont écoulés depuis le très bon « Ogre Tones », un album qui avait remis le groupe sur de bons rails après les deux albums plutôt faibles qu’étaient « Manic Moonlight » et « Black Like Sunday ». Connaissant l’inspiration du trio, il est difficile de s’attendre à un excès d’audace dans les compositions, mais la question se pose de savoir si la période creuse est bien derrière eux.
Le premier titre nous rassure en partie avec un gros riff de basse qui prend à la gorge. L’intuition suscitée par la pochette de l’album se vérifie : King’s X se veut heavy et métal et c’est plutôt une bonne nouvelle. Hormis un refrain pas totalement inspiré, « Pray » ouvre les hostilités d’une belle manière. Le disque se veut relativement équilibré entre morceaux bien rythmés et heavy, ballades réussies et mid-tempos qui groovent.
Parmi le gros son, « Rocket Ship », « Alright » et « Stuck » tirent leur épingle du jeu. King’s X n’a rien perdu de son art de pondre des riffs entêtants et incandescents.
Comme pour « Ear Candy », chaque musicien se voit en charge du chant. La ballade de Jerry Gaskill, « Julie », sur laquelle il assure un chant juste et sobre est une des réussites de l’album avec un très bon refrain et une fin de morceau très beatlesienne. Ty Tabor n’est pas en reste avec « Repeating Myself ». La mélodie arpégée avec cordes à vide est très efficace et rend parfaitement l’impression hypnotique et cyclique dont le paroxysme se produit en fin de morceau. Doug Pinnick est égal à lui-même, c’est-à-dire impeccable. Celui-ci reste sur sa lancée de son récent album solo « Strum Sum Up » et délivre une prestation très sûre.
Cependant, « XV » est plus difficile à apprivoiser que la plupart de ses aînés. « Dogman » possédait une cohérence dans le côté froid et grunge et « Ear Candy » dans les mid-tempos très mélodieux. « XV » est plus varié et rappelle la période Sam Taylor, mais avec la production acquise depuis « Ear Candy ».
Les mid-tempos, spécialité de King’s X, sont riches et variés. « Move » et « Go Tell Somebody » sont l’exemple d’une certaine prise de risque payante car ils mélanges certains ingrédients (dans les riffs de guitare notamment) que l’on a pas l’habitude d’entendre chez King’s X. Ty Tabor ose même quelques expérimentations sonores sur le solo de « No Lie ».
Du côté des harmonies vocales, XV ne déroge pas à la règle. Le talent de ce groupe pour transcender les morceaux avec des chœurs de toute beauté n'est pas une découverte. Malgré tout, certains passages souffrent d’un manque de finition et sur quelques titres les chœurs restent assez timides. Une baisse de créativité, inhabituelle chez King’s X, se fait sentir dans certaines mélodies vocales ( « Pray » ou « Broke » avec ses « Na Na Na Na » un peu léger…).
En résumé ce nouvel album de King’s X est plus significatif qu’on pourrait le penser. D’une part il est assez hétérogène et demande plusieurs écoutes attentives pour être apprécié. « XV » peut se concevoir comme une synthèse de tout ce que King’s X est capable de produire. Cet album est un très bon cru sur la plupart des morceaux mais il manque parfois cette touche de génie dont les texans ont fait preuve à plusieurs reprises sur « Dogman », « Ear Candy » ou plus récemment « Ogre Tones ».
Nos attentes et exigences ne sont peut-être pas entièrement satisfaites par « XV » car il est vrai qu'elles sont toujours plus importantes pour des groupes que l’on apprécie. Mais les mélodies sont largement présentes et les interventions de Ty Tabor sont plus réussies que par le passé. Les détracteurs diront que King’s X ne se renouvelle pas, et ils auront raison dans l’absolu. Encore faut-il que la prise de risque soit un critère de qualité en soi. Depuis ses débuts King’s X a effectué un parcours avec quelques fausses notes mais principalement émaillé de grands disques et c’est là le plus important.