À peine un an après "Phenomenon", UFO nous reprend de volée là où "Doctor Doctor" et "Rock Bottom" nous avaient laissés KO. L’équipe est la même, le quatuor semble stable, la production est toujours assurée par Leo Lyons de Ten Years After et le groupe est toujours chez Chrysalis.
"Force It", c’est tout d’abord une pochette controversée qui fut modifiée voire interdite dans plusieurs pays, dont les USA. Elle était due à une boîte très en vogue à l’époque parmi les groupes de rock, Hipgnosis, qui a réalisé la plupart des pochettes de UFO, mais aussi certaines de Pink Floyd, 10 CC, APP, Led Zeppelin ou encore Genesis (The Lamb …, Trick Of The Tail, Wind And Wuthering, And Then …). Cette fausse pudeur ferait un peu sourire actuellement, tout comme le jeu de mot "Force It" ou "Faucet" qui signifie ... "Robinet".
Si "Phenomenon" marquait un virage de style à 180° par rapport à leurs productions "space rock" précédentes, avec "Force It", le groupe évolue encore, mais pousse sur le champignon avec véhémence dans la direction donnée par "Rock Bottom". Il développe un style de hard rock mélodieux mais heavy, centré sur les performances guitaristiques de Michael Schenker et vocales de Phil Mogg, tous deux soutenus par une section rythmique sans faille.
L’album ne contient pas moins de 6 classiques que nous retrouverons plus tard sur le live "Strangers In The Night". Les deux premiers titres, « Let It Roll » et « Shoot Shoot » sont deux brûlots très entraînants. Il y a aussi le sensuel "Love Lost Love", et "Out In The Street", qui sait alterner moments calmes, riffs lourds et soli de guitare sauvages. Il y a bien sûr "Mother Mary", avec son riff déchiré en finale, probablement un des meilleurs morceaux toutes décennies confondues de l’objet volant. Il y a enfin "This Kid’s" pièce musicale à géométrie variable, qui met bien en valeur les jeux de batterie et de basse d’Andy Parker et de Pete Way.
Mais les trois autres titres ne manquent pas de qualité, car il n’y a aucune faille dans cette galette. "High Flyer" est un superbe slow où la guitare de Schenker et la voix de Mogg vous font vraiment frissonner. Ce morceau introduit également, pour la première fois, des claviers (tenus par Chick Churchill de Ten Years After) que nous retrouverons sur plusieurs titres de l’album et qui mèneront le groupe à recruter un claviériste pour l'album suivant. Mais ce n’est pas fini, "Dance Your Life Away" ou "Too Much Of Nothing", bien qu'un peu plus simples dans leur structure, auraient pu prétendre au même succès que les autres titres. À noter que ce dernier, marqué par son crescendo à la batterie est pondu seul par le bassiste Pete Way, qui cosignera plusieurs titres sur chacun des albums de UFO.
Bref, artistiquement, c’est avec cet album que UFO va imposer ce style de hard rock si personnel qui avait germé avec "Phenomenon". Il entraînera dans son sillage, 3 autres albums studio de très haute qualité en compagnie de Michael Schenker. Commercialement ce sera le premier à percer aux USA. Il reste encore, à l’heure actuelle, incontournable.