Après le succès phénoménal de son premier album, Autograph se voit fortement encouragé à sortir rapidement un nouvel album par Rca. C’est ainsi que « Plunk » et sa bande attaquent la composition des premiers titres de « That’s The Stuff » seulement 6 mois après la sortie de « Sign In Please ». Heureusement, là où le quintet aurait pu pêcher par précipitation, il réussit à renforcer les points forts de son précédent opus, tout en en gommant partiellement les défauts. La principale originalité de cet album viendra de son édition en plusieurs formules : 3 versions ont pu bénéficier d’un titre bonus différent pour chacune d’elle, alors qu’une autre voyait la reprise du « We’re An Américan Band » de Grand Funk Railroad remplacer « Six String Fever » en plage 6. Un régal pour les collectionneurs…
La formule reste donc la même, à base de mélodies entraînantes, de refrains immédiats pouvant parfois devenir obsédants, et de chœurs « Leppardesques », le tout illuminé par les interventions d’un Steve Lynch sachant parfaitement doser technique et feeling. Il nous crédite d’ailleurs d’un instrumental (« Hammerhead ») tout en tapping qu’un Eddie Van Halen ne renierait pas. Cependant, si le prodige nous gratifie de soli qui réussissent à transcender certains titres moyens (« You’ll Get Over It »), il reste bien entouré. Steve Plunkett vient renforcer la filiation avec Def Leppard de part son grain de voix qui n’est pas sans rappeler celui de Joe Elliot. Avec des chœurs et harmonies dignes du combo de Sheffield, il est impossible d’ignorer la passion que nourrit le groupe pour les géniteurs de « Pyromania ». Nous insisterons cependant sur le fait que cette influence n’est en rien envahissante. La section rythmique assure parfaitement son rôle, et si Keni Richards est un peu la mascotte du groupe avec sa frappe de mule, les parties de basse de Randy Rand viennent prouver que le garçon n’est pas manchot (« That’s The Stuff »). Enfin, il est inutile d’insister sur le rôle prépondérant des claviers de Steven Isham dans le son d’Autograph, même si certains passages peuvent paraître un brin datés de nos jours (« Changing Hands »).
Le quintet alterne donc les titres de Hard FM musclé et les mid-tempo soutenus avec en point d’orgue un « Blondes In Black Cars », single festif par excellence dont les paroles ne révolutionneront pas la philosophie moderne. Avec un « Crazy World » au refrain aussi simpliste qu’obsédant, il vient prouver la capacité de Plunk et sa bande à pondre des hymnes immédiats et entraînants. Cependant, Autograph est également capable de durcir le ton et de marcher sur les plate-bandes d’un Tobruk dont l’excellent « Wild On The Run » date de la même année. Posez une oreille sur les vitaminés « Six String Fever » et « Built For Speed » pour vous en convaincre et essayez de résister aux mouvements saccadés qui vont alors s’emparer de vos pieds et de votre nuque. Enfin, il y a fort à parier que les 4 new-yorkais maquillés de Kiss ont écouté les mid-tempos soutenus de « That’s The Stuff » et « Take No Prisoners » avant de composer « Crazy Night », leur album le plus FM. Là aussi, les refrains sont immédiats et vous trottent dans la tête plusieurs heures après l’écoute.
Autograph réussit ainsi à passer à un niveau supérieur avec ce nouvel album où seul un « You’ll Get Over It » aussi facile à écouter qu’à oublier fait légèrement baisser la qualité de l’ensemble. Essai transformé donc et qui permet au quintet de s’installer durablement aux sommets du Hard FM US en enchaînant les tubes et les passages télévisuels grâce à des vidéos qui peuvent prêter à rire de nos jours, de part le look particulièrement glam des membres du groupe, ainsi que le côté particulièrement machiste des scénarios. Ceci ne doit cependant pas faire oublier la qualité de la musique proposée.