Après 2 albums d’un Hard Rock efficace et flirtant légèrement avec le Hard FM, Europe sort en 1986 un album qui réussira à la fois à diviser les amateurs de Hard-Rock et à leur rallier un grand nombre d'auditeurs jusqu’alors insensible à ce style musical. Car "The Final Countdown" sera un énorme succès commercial, en particulier grâce au titre éponyme, sorti en single.
D’un côté, il y a ceux qui regrettent le style des 2 premiers albums du groupe. Difficile de leur donner complètement tort lorsque quelques recherches permettent de constater que Joey Tempest a composé la quasi-intégralité de l’album avec l’objectif plus ou moins reconnu de toucher un public plus large et de s’imposer sur les ondes FM. Il ira même jusqu’à avouer s’être inspirer du morceau 'Too Wild' de ses compatriotes de Treat pour composer l’un des autres tubes de l’album, à savoir, le très rock’n’roll 'Rock The Night' au solo de guitare incendiaire. Le seul titre dont il partage l’écriture est la ballade 'Carrie', elle aussi un succès radiophonique et pour laquelle le clavier Mic Michaeli a donné un coup de main.
De l'autre coté, il y a ceux qui apprécient cette évolution. Le succès commercial ne veut pas forcément dire une trahison du style et cet album en est la preuve. En effet, en dehors des ballades un brin mielleuses ('Carrie') ou finissant par tourner en rond ('Time Has Come'), Europe nous offre 8 titres de Hard FM dynamique et catchy. Nous ne reviendrons pas sur les deux tubes précédemment cités. Par contre, il serait dommage d’oublier le percutant 'Danger On The Track' où les claviers à la Deep Purple partagent un excellent solo avec la guitare. Dans la même veine, 'Cherokee' bénéficie d’un refrain efficace et à la mérite de traiter du calvaire du peuple indien du même nom. Quant à 'Heart Of Stone', il s’appuie sur une rythmique lourde pour nous servir un Hard FM muscle doté d’un refrain immédiatement mémorisable, et là aussi, John Norum nous offre un solo gorgé de feeling.
Mais nos suédois sont également capable d’accélérer le rythme sur 'Ninja' ou 'On The Loose' et ainsi proposer un Hard FM rapide que Tobruk n’aurait pas renié. Les claviers restent omniprésents et sont étoffés par des chœurs particulièrement bien trouvés. Seul 'Love Chaser' baisse un peu de niveau en fin d’album,. Il faut dire qu’il est particulièrement handicapé par un riff de clavier assez proche de celui du titre éponyme, ce qui n’en fait pas un mauvais morceau pour autant, mais la ressemblance reste difficile à oublier.
Au final, "The Final Countdown" aura un succès phénoménal. Côté positif, le groupe restera sur le devant de la scène musicale quelques temps et deviendra le challenger européen officiel de Bon Jovi. Côté négatif, il va s’enfermer quelques temps dans un style commercial qui va finir par tourner en rond, ce qui débouchera sur une séparation que nous avons longtemps cru définitive. Reste cependant un album incontournable que très peu de groupes ont eu la chance de pouvoir écrire.