22H30, confortablement installé dans un fauteuil, des haut-parleurs de la radio s'épanche une mélodie aux accents bien balisés des oreilles des progueux que nous sommes. 102.3 en FM, Philippe Manœuvre aux commandes, vous êtes sur Skyrock et l'émission s'appelle "La Voix du Lézard". Vous croyez rêver ? Les petits jeunes vont me prendre pour un fou ? Eh oui, il s'agit bien du juré de la Nouvelle Star 2008 et de la radio Rap/Hip Hop par excellence dont il est question ici … nous sommes en 1987 et Promises de IQ est diffusé quasi-quotidiennement sur les ondes d'une radio à l'audience nationale.
Autres temps, autres mœurs me direz-vous … mais également promotion active d'un jeune groupe, né quelques années auparavant, et ayant décroché le jack-pot, à savoir un contrat avec une major du disque (Polygram). L'aventure ne fera hélas pas long feu, le temps de deux albums aujourd'hui forts décriés par les fans du groupe.
Premier élément perturbateur : le remplacement de Peter Nicholls par Paul Menel, dont le timbre et le look font plus penser à un Nicolas Sirkis (Indochine) qu'à Peter Gabriel. Inutile de dire que ce chanteur ne fera pas l'unanimité, ses performances vocales n'étant pas non plus exemptes de tout reproche (à ce sujet, les titres live de J'ai Polette d'Arnu sont particulièrement édifiants …). De même, il est certain que le calibre et l'ambition des chansons présentes sur ce Nomzamo sont parfois à mille lieux d'un Last Human Gateway ou encore d'un Enemy Smacks. Le son IQ est toujours bien présent, les harmonies familières, mais les développements et les grandes envolées sont absentes.
Et pourtant, aux côtés de Passing Strangers ou autres Screaming faiblards, cet album révèle quelques belles plages : No Love Lost tout d'abord, avec son côté baroque - et malgré une batterie lourdingue - , qui ouvre l'album de fort belle manière, avant de le clôturer au travers d'une convaincante reprise acoustique voix/piano. Puis le tubesque Promises, au refrain entêtant et à la rythmique entraînante, ayant connu les honneurs des ondes FM. Commoun Ground et son final pompeux ramènera également de nombreux suffrages, tandis que la ballade Still Life enchantera les oreilles attentives, avec ses envolées de saxophone sur fond de claviers planants. Human Nature viendra rappeler les origines progressives du groupe, en déroulant ses presque 10 minutes de néo-prog vitaminé. Mais c'est surtout avec Nomzamo, la plage titre, véritable pépite progressive, que l'on va retrouver durant 7 minutes toute la magie d'IQ : démarrage en douceur sur une rythmique chaloupée, annonçant une montée en puissance progressive se concluant en un final énergique, avant un retour en eaux calmes pour conclure cette mini-symphonie.
A l'image de son successeur, Nomzamo peut être classé à part dans la carrière du groupe : question de style, d'époque et d'ambition (commerciale essentiellement) sans doute. Néanmoins, il serait dommage de passer à côté de cet album somme toute plus que correct, et dont le mérite premier (et ce n'est pas le moindre en ces temps de disette) aura été de faire connaître le groupe au plus grand nombre, et en premier lieu à votre serviteur.