Les groupes de néo et de prog français n'ont qu'à bien se tenir. Il y a eu la peur de voir déferler des hordes de plombiers polonais dans nos cuisines en 2004. C'est désormais du côté de la musique qu'il faudra se tenir sur ses gardes avec l'éclosion de groupes comme Believe, After, Riverside et désormais Moonrise. Ce dernier-né est en réalité l'oeuvre d'une seule personne, Kamil Konieczniak, assurant les parties aux clavier, guitare et basse. Sur cet album, The Lights of A Distant Bay, il s'est offert les services du chanteur de Millenium (encore un polonais), Lukasz Gall.
Influencé par les grands noms du néo-prog que sont Marillion ou Arena, Moonrise se fraie un chemin vers la reconnaissance avec ces 8 premiers morceaux tantôt instrumentaux, tantôt soutenus par la voix de Lukasz Gall. C'est justement avec un instrumental, The Island que l'épopée commence. Le décor est d'ores et déjà planté : des claviers d'ambiance et des solos de guitare atmosphériques. Cette association sera le leitmotiv de l'album.
Claviériste de formation, Kamil Konieczniak dévoile l'étendue de son talent sur l'intro de Help Me I Can't Help Myself où la voix fait sa première apparition. Autant la partie instrumentale tombe plutôt bien dans l'oreille, autant la partie chantée a du mal à s'installer. L'envolée lyrique des claviers retombe comme un soufflé avec l'arrivée d'un chant sans rythme. Ce morceau touche en plus du doigt un autre point noir de l'album, à savoir la batterie. Peut-être aurait-il fallu faire appel à un 3ème musicien pour pallier à cette faiblesse. Cette mauvaise impression disparaît sur le morceau plus metal qu'est In The Labyrinth of The Dream. Les riffs de guitare plus soutenus et plus agressifs permettent au chant de se montrer sous un jour meilleur, plus mélodieux.
Restons néanmoins réalistes. Ce qui fait l'atout de cet album, ce sont ses morceaux instrumentaux. Ainsi, avec Where Is My Home et la ballade au piano de Memories, le jeune artiste polonais démontre tout ce dont il est capable. Hormis le morceau Full Moon totalement dénué d'intérêt, il n'y a objectivement rien à redire sur ses talents de composition. Cette remarque est d'ailleurs confirmée magistralement avec la pièce maîtresse de cet album qu'est The Lights of A Distant Bay. Gardant le meilleur pour la fin, ce dernier morceau opère une parfaite synthèse de tout ce qui a été écrit auparavant. Les claviers d'ambiance et la voix mieux ajustée permettent à la guitare d'exploser dans un bon solo qui viendra ponctuer ce surprenant album.
Il n'y a au final que bien peu de choses à redire sur cet album. La production est impeccable et les instruments sont savamment utilisés. Avec The Lights of A Distant Bay, Moonrise s'offre un début prometteur dans la cour des grands. Nul doute qu'il faudra désormais compter avec cette formation polonaise à l'avenir. Nous avions Riverside, Quidam et Believe en figure de proue du prog polonais... Moonrise pourrait bien être la 4ème roue du carrosse.