Votum est une formation issue de Pologne, pays déjà bien connu des amateurs de musique progressive, aussi bien rock que métal. Ce groupe existe depuis 2002 et s’est produit sur de nombreuses scènes des clubs de Varsovie. La discographie de Votum se compose quant à elle d’une démo sortie en 2002 et d’un single intitulé " Jestem" distribué en 2006. Le clairvoyant label Insanity Records offre à ces musiciens l’opportunité de diffuser le premier album " Time Must Have A Stop". Cette maison de disque indépendante a déjà servi de tremplin discographique à des groupes polonais comme Newbreed et Division By Zero. C’est donc avec une attention particulière qu’il convient de surveiller les productions émanant de ce label, car les deux formations sus-nommées sont entièrement dignes d’intérêt. Alors qu’en sera-t-il pour "Time Must Have A Stop" ?
Avant de s’étendre plus en détail pour répondre à cette question, quelques mots sur le titre de cet opus qui est lui-même celui d’une œuvre d’Aldous Huxley publiée en 1944. Dans ce roman, il est question de l’éducation d’un jeune anglais confié à deux professeurs aux méthodes et contenus diamétralement opposés. L’un prêche par la philosophie et les bonnes manières tandis que l’autre ne jure que par l’épicurisme et la bonne chaire. Ce jeune homme se retrouve donc confronté à un dilemme existentiel consistant à trouver l’équilibre entre ces deux mondes. Cette petite parenthèse littéraire revêt son importance à l’écoute de "Time Must Have A Stop".
En effet, cette galette de cinquante minutes expose à travers ses huit titres un univers teinté de métal progressif nuancé où la pondération reste le maître mot. L’alternative romancée par Huxley se retrouve ici singulièrement transposée en mouvements musicaux. Pour y parvenir, Votum a déployé les grands moyens. Tout d’abord avec une production limpide et extrêmement dynamique, qui procure à cette galette un son ample et diffus. La structure des morceaux se plie aux exigences du métal progressif moderne avec en premier plan des claviers aux sonorités changeantes qui accompagnent en osmose les guitares rugissantes. Les riffs sont taillés dans la masse, brutaux et gorgés de saturation. Quant aux soli, intervenant après moult breaks ravageurs et circonstanciés, ils explosent littéralement tout en restant dans une veine très mélodique. Bien entendu, la rythmique n’est aucunement à la traîne et impulse aux compositions cette atmosphère emprunte d’une lourdeur où la délicatesse sait aussi se faire présente, tel un papillon se posant sur une fleur printanière. Pour couronner cet ensemble, la voix est de tout premier ordre recelant la portance et la justesse d’un Dave Gahan (Dépêche Mode). Et d’ailleurs, les quelques influences de ce groupe britannique sont palpables sur le refrain d’un titre comme "The Pun".
La réponse à la première question tombe sous le sens. Le label Insanity se fait une nouvelle fois porteur d’un groupe talentueux. "Time Must Have A Stop" regorge d’une intensité rare mise au profit d’une complexité mesurée, donc accessible. Ces musiciens prennent un malin plaisir à jouer au chat et à la souris avec l’auditeur. Les introductions calmes ("Me In The Dark", "Train Back Home") servent idéalement de passerelle à une furie où les guitaristes se taillent la part du lion. Le titre éponyme est quant à lui la pièce maîtresse de cet opus. Il place Votum au rang de plus grands noms en terme de métal progressif et même atmosphérique. Tout dans ce morceau est resplendissant, de l'introduction aux soli finaux. D’ailleurs, un signe qui ne trompe pas, les dix minutes intenses qu’il procure s’écoulent particulièrement vite.
Par conséquent, il convient de voir en Votum une formation extrêmement prometteuse. Mais dans l’immédiat, cette première oeuvre surprend par tant de maîtrise et même la muse inspiration s’est largement penchée sur "Time Must Have A Stop". L'originel album de cette formation polonaise est en droit de devenir un incontournable à classer entre "Images And Words" de Dream Theater et "Dark Side Of The Moon" des Floyd. Si vous en doutez encore, jetez-y les deux oreilles et laissez vous entraîner dans les méandres de ces compositions charmeuses et envoûtantes où l’équilibre demeure un élément prépondérant.