“The Watchman” est le 8ème album de Gypsy Carns qui prêche la bonne parole depuis de nombreuses années. Ce terme n’est pas choisi par hasard car le gros tatoué à la voix grave et éraillée et au look de biker est en fait un pasteur américain. Autant dire que sa technique tout à fait personnelle de prêcher sur un bon gros blues rock à de quoi en convertir certains, réticents aux chants des enfants de chœur le dimanche matin. Il est d’ailleurs amusant de constater que, bien que quasiment inconnu dans notre pays, c’est à Paris que Gypsy Carns a enregistré sont unique album live (« Fell Good ») en 2003.
Pour ce nouveau recueil de bonnes paroles évangéliques, le pasteur s’est entouré de 2 bassistes de sessions, ainsi que de 2 batteurs. La paire Smith – Schobelhoffer intervient sur 8 titres, alors que celle constituée par Brignardello et Morrow se contente des 4 autres morceaux. Il est à noter que les postes concernés par ces intervenants sont d’habitude tenus par les frères Dile (Joe à la basse et Chris à la batterie) lorsque le pasteur officie en live dans sa paroisse.
Venons-en maintenant au Christian Blues-Rock servi par le prêcheur tatoué. Il est tout d’abord important d’insister sur le fait qu’il est possible de respecter, voir de partager une croyance, sans pour autant en apprécier toutes les interprétations qui en sont faites. Dans le cas présents, le gros blues rock proposé par Gypsy Carns est loin d’être désagréable. La production est bien grasse et épaisse, renforcée par la voix du prêcheur qui ne l’a probablement pas uniquement nourrie de vin de messe.
La musique, si elle ne révolutionne pas le style, est bien exécutée. Le problème est, qu’après une entrée en matière particulièrement réussie avec un « The Battle Rages On » au riff lourd et efficace, la monotonie commence rapidement à s’installer, même si les titres sont relativement courts, oscillants entre 2’24 et 3’44. Difficile cependant de condamner cet album, car en dehors d’un « 12 Rainbows » hyper répétitif et où l’abus de distorsion devient vite pénible, et d’un « Save Jerusalem » qui souffre quant à lui d’une overdose de trémolos, les 10 titres de cet album restent relativement agréables lorsqu’ils sont écoutés séparément. Les refrains sont en majorité hyper mémorisables (« Under A Rainbow Sky », « Sanctify’d News », « Pray For Love ») et Gypsy Carns fait preuve de beaucoup d’enthousiasme. Malheureusement, l’enchaînement reste assez mono-rythmique et se dégonfle rapidement, sans oublier l’utilisation massive de termes religieux (Jesus, Lord, Saviour etc…) qui ajoute à la saturation qui s’installe, tout cela avant que les 2 derniers titres viennent nous achever par leur médiocrité.
Voici donc une œuvre à réserver à un public averti. En effet, une fois l’effet de surprise passé, les amateurs de blues-rock se tourneront rapidement vers des œuvres musicalement plus abouties. Les croyants pratiquants habitués aux prêches plus classiques de nos contrées auront quant à eux quelques difficultés à encaisser la parole musclée du pasteur tatoué. Reste que les prestations live du bonhomme doivent mériter le déplacement et qu’une ou deux paroisses dans ce style auraient probablement le mérite de rappeler certains ouailles vers la parole divine, plus sûrement que les sermons classiques et les chants religieux des chorales de grenouilles de bénitiers. Alléluia mes frères !