Depuis les débuts du duo Lessmann/Ziller en 81 avec la formation Cacumen, puis la création de Bonfire, l’idée directrice du groupe n’a pas changé. L’inspiration a toujours été guidée par une exploitation et une utilisation systématique des symboles du Hard US : bandanas sur cheveux permanentés, Harley Davidson, hymnes texans... Tout concoure à faire de Bonfire le plus américain des groupes allemands !
Depuis plus de vingt cinq ans (les années passent ), avec plus de six millions d’albums écoulés à travers le monde, Bonfire pourrait très bien se contenter de rester dans ses rails sans jamais sortir du formatage imposé par les producteurs. Ce fut le cas parfois avec de trop nombreuses compilations et best of en tout genre.
Le dernier effort en date , « The Räuber », s’éloigne quelque peu des pièges tendus par le vice commercial en offrant aux auditeurs quelques pointes d’originalité. La première d'entre elles est l’utilisation de la langue natale ( l’allemand pour ceux qui ne suivent pas ) et de l’anglais au sein du même opus. Par deux fois, l’Allemand avait été utilisé en 1993 et en 1996 pour « Glaub dran » et « Freudenfeuer ». Ces deux albums restent difficiles à dénicher sur le marché français et sont 100% germaniques.
Seconde particularité : le thème et son approche du sacro saint « Concept album ». "The Räuber" est en effet une adaptation de « Die räuber » (les brigands), pièce écrite au XVIIIe siècle par Friedrich Schiller écrivain philosophe allemand qui, pour la petite histoire, acquis la nationalité française après avoir participé à la révolution de 1789. L’histoire relate la lutte d’un homme contre une société qui l’exaspère et contre les coups bas de son propre frère.
C’est une grande première pour le groupe qui n’était, jusqu’alors, jamais sorti des sentiers battus. Mais ne nous affolons pas, Bonfire fait du Bonfire et nous sommes bien loin du perfectionnisme des concept-albums progressifs. Adaptation oui, mais hard rock avant tout.
Les orientations restent semblables à celles du précédent opus « Double X » (2006) et les premiers titres se veulent dynamiques, dans la veine de « Day 911 ». Le contraste avec le hard axé FM des années 90 des albums "Rebel Soul" et "Fuel To The Flames" est flagrant. Après l’intro éponyme sur fond de mélodie de boite à musique, le premier titre vide son énergie sur l’auditeur à grands coups de riffs lourds et nerveux. La suite est assez inégale, alternant d’excellents morceaux et des compos passables. Les chants tribaux de « The Oath » et la noirceur excessive de « Father’s Return » en surprendront plus d’un. Certains titres sortent du lot et offrent ce que Bonfire sait faire de mieux : des riffs efficaces ("Bells Of Freedom"), des invitations au brassage culturel ("Blut und todt"), et tout simplement des chansons entraînantes ("The Good Die Youg" et l’excellente "Time").
Côté face, les amateurs de mélodies sucrées, ceux qui se sont procuré le "Hot And Slow" (1997) ou ceux qui cherchent l’amour dans les prairies fleuries du père Ingalls seront ravis d’écouter les cinq perles de l’album (dont deux reprises acoustiques) . Traduire les paroles et les chantonner à voix haute sans afficher le moindre rictus relève du défi. Les titres parlent d’eux même : « l’amour ne ment pas », « m’aimes-tu encore ? » et « laisse-moi être ton eau ». Tout un poème.
Ces cinq intrus mis à part, l’album est plus qu’honnête et offre de bons moments de rock. Il faudra juste une période d’adaptation aux non germanistes (ceux qui comme moi avaient pris espagnol en Lv2). Pour faire passer la pilule, allez faire un tour sur le site du groupe tout en flash. Le travail du Web designer vaut le coup d’œil. Un petit slow pour fêter ça ?