J'ai un gros défaut, je l'avoue : dès qu'un groupe est estampillé "origine suédoise contrôlée", il bénéficie de ma part d'un fort a priori positif. Il faut dire que ce beau pays est tout de même le berceau de nombreux groupes talentueux et originaux, au premier rang desquels on trouve par exemple les jeunots d'ACT qui jouent dans la même cour que Beardfish.
Beardfish est donc originaire du pays d'Abba (ne souriez pas, j'y reviendrai) et a commis l'année dernière un "Sleeping In Traffic Part One" qui avait pour le moins séduit mon ami Megadave. Une "Part One" appelant naturellement une "Part Two", nous voila servis. S'agit-il, en toute logique, d'une continuité parfaite du précédent opus ? Rien n'est moins sûr.
Sur le concept, je veux bien que cet opus fasse suite au précédent, mais musicalement parlant, l'évolution est indéniable et en déroutera plus d'un. Pourquoi ? Parce que dans cet album, il y a une grosse part de délire qui manquait cruellement précédemment. Ce n'est qu'un avis subjectif, certes, et j'en vois déjà trouver au contraire que Beardfish en fait cette fois trop dans les changements d'ambiance et dans les choix saugrenus. Car ici Beardfish se lâche réellement et j'avoue pour ma part avoir ressenti le même plaisir de découverte que lors de mon premier contact avec ACT pour "Last Epic".
"Sleeping In Traffic Part Two" est une suite de compositions mêlant habilement un rock progressif parfois très carré et des délires comme je les aime : intermèdes valsants, mélodies sautillantes et joyeuses sur "Cashflow", rythmique implacable (je ne me remets toujours pas de cette introduction simple mais incontournable de "The Hunter") et clins d'oeil au disco sur le fabuleux morceau qui donnera son titre à cet album.
Il y a des morceaux qui justifient à eux seuls la découverte d'un groupe et dans le cas présent, il faut découvrir Bearfish par ce titre de 35 minutes. Indescriptible est le seul mot qui me vient à l'esprit tant c'est génialement jouissif. Tout y est, dans l'esprit du rock progressif des années 70's, avec en plus les grains de folie que j'adore personnellement découvrir chez nombre de groupes de mon style favori.
Ajoutez à tout ce que je viens de vous exposer, un goût prononcé pour les sons vintage (mais avec une production excellente) qui évoquent les Gentle Giant et voila, c'est prêt à être consommé... sans modération, évidemment.