Draconian est un groupe suédois qui avec "Turning Season Within" présente son quatrième album. Le groupe s’est fondé au milieu des années 90 mais a attendu presque 10 ans pour sortir son premier album, "When Lovers Mourn" en 2003. Un album aurait du voir le jour en 2000, mais en raison d’une production ratée, celui-ci fut laissé de côté, le groupe préférant commencer à écrire du nouveau matériel. C’est avec l’arrivée de la chanteuse Lisa Johansson en 2002 sur la démo "Dark Oceans We Cry" que la formation a réellement pris son envol musical.
Si Draconian a d’abord évolué dans un death métal assez classique, il s’est vite tourné vers une musique plus posée, entre le gothique et le doom, se basant sur un duo vocal entre une voix féminine douce et des parties vocales masculines plus death.
Et "Turning Season Within" se place très logiquement dans la lignée directe de ses prédécesseurs, avec cependant quelques évolutions. Le chant féminin est par exemple largement mis à contribution pour pratiquement devenir le chant principal. On ne peut que s’en féliciter tant Lisa Johansson excelle dans son art. Sa voix cristalline et aérienne illumine complètement les titres de l’album à la manière d’une Anneke Van Giersbergen à ses débuts dans The Gathering.
S’appuyant sur un thème qui ne respire pas particulièrement la joie de vivre (la fin du sentiment amoureux et de ses conséquences négatives), la musique de Draconian se base sur des atmosphères globalement sombres. L’aspect gothique est prépondérant même s’il se trouve habilement mélangé à une face plus métal apportée par le chant guttural et des guitares bien tranchantes. Certaines ambiances rappellent ainsi le Sencented des ces dernières années du temps de "Cold With Light" ou "Funeral Album".
Les titres, très homogènes, alternent avec justesse douceur et violence, brutalité et finesse, comme sur "When I Wake" dans lequel le mélange vocal est particulièrement impressionnant, particulièrement lorsque Jacobsson au chant masculin se met lors d’un court break à parler d’une voix claire pour mieux poser une ambiance lourde et sombre. Ce schéma se retrouve sur "Earthbound", morceau dans lequel la guitare s'affirme comme élément prépondérant. Les riffs sont toujours taillés sur mesure et se marient à merveille aux parties vocales, avec une petite touche acoustique sur la fin du titre du plus bel effet. Nous retiendrons également "Morphine Cloud" qui voit de nouveau apparaître des parties de chant parlé qui, au fur et à mesure du morceau deviennent plus brutales. Ce titre, qui repose essentiellement sur le chant, devient presque atmosphérique et rappelle un peu le Anathema époque "Silent Enigma". Enfin, "September Ashes" clôt le disque en douceur et fragilité. En à peine plus d’une minute, Draconian retransmet à merveille les émotions ressenties tout au long de l’écoute avec l’appui de notes de piano très justes.
Draconian réussit avec "Turning Season Within" à se rapprocher parfois des grands du genre tels Opeth ou Katatonia, dont il a d’ailleurs emprunté les producteurs pour réaliser son disque. L'ensemble balance toujours entre puissance et mélodie, avec des passages acoustiques qui amènent un aspect presque romantique. Certes les codes du genre sont respectés à la lettre et les influences diverses y sont assez perceptibles, mais le groupe parvient à merveille à les mélanger pour donner corps à un disque très élégant qui devrait plaire aux fans du genre et aussi séduire ceux qui aiment ce genre d’atmosphère sombre. Un bel album donc, même s'il n'est pas très original.