Contrairement à de nombreux autres groupes, Poison n’est pas un inconnu lorsque son premier album déboule dans les bacs des disquaires. En effet, cela fait environ 3 ans que le combo multiplie les concerts à travers tous les USA. Les 4 permanentés de Los Angeles ont donc déjà une fan-base nombreuse et fidèle. Ils ont également déjà attiré l’attention de la presse spécialisée qui n’hésite pas à les comparer à un croisement entre Kiss et les Sex Pistols. Il est donc plus aisé de comprendre la maturité donc Poison fait preuve sur son premier album après ces quelques explications.
Mais avant d’aborder les qualités indéniables des 10 titres composant ce brûlot, il faudra d’abord passer au delà du look de leurs interprètes. En effet, Bret & Co. jouent résolument la carte de la provocation, et c’est bien comme cela qu’il faut interpréter leurs tenues outrancières renforcées de maquillages et de permanentes à faire pâlir de jalousie la confédération des Drag Queens. Si cette apparence n’est pas sans rappeler Mötley Crüe, une attitude rebelle peut également se retrouver au niveau musical, bien que Poison est une attitude plus fêtarde. En effet, c’est un véritable party-band auquel nous avons à faire ici. Les mélodies flirtent avec une pop-métal qui n’est parfois pas sans rappeler Def Leppard et les refrains sont imparables. Quant aux thèmes abordés, ils tournent autour de thèmes particulièrement philosophiques tels que le sexe, la fête et… le sexe ! Les titres des 2 singles sont d’ailleurs sans équivoque : « I Want Action » et « Talk Dirty To Me ». Ceci ne les empêche pas d’être de véritables pépites qui cartonneront sur les ondes FM US et tourneront en boucle sur MTV. Même la très intellectuelle émission française du « Collaro Show » n’échappera pas à une prestation des 4 trublions maquillés.
Cependant, s’il est une chose importante pour apprécier cet album à sa juste valeur, c’est bien de le prendre pour ce qu’il est, à savoir un recueil de titres immédiats et calibrés pour transmettre une bonne humeur rafraîchissante et irrésistible. Toute autre approche pourrait s’avérer décevante et ne permettrait pas de profiter de l’énergie d’un « Look What The Cat Dragged In » balançant entre un riff légèrement alourdit et un refrain efficace. Il serait également difficile de profiter de la tornade d’un « Let Me Go To The Show » rapide et déchaîné et illustré de paroles délirantes. D’autre part, la ballade « I Won’t Forget You » n’est pas ce qui se fait de plus émouvant dans le style mais elle n’en reste pas moins sensuelle et aisément mémorisable. Enfin, nous ne reviendrons pas sur les 2 singles cités précédemment, si ce n’est pour attirer votre attention sur ce qui deviendra une tradition chez Poison, à savoir l’interpellation de CC DeVille par Bret Michael avant le solo de « Talk Dirty To Me ». Le guitariste peroxydé est d’ailleurs le symbole de ce groupe car s’il n’est probablement pas le six-cordiste le plus technique du circuit, il n’en est pas moins le meilleur pour Poison, sachant toujours dégainé le solo le mieux adapté à chaque titre et faisant preuve d’une virtuosité diablement efficace sur chacun de ses riffs.
La formule est déjà donc bien rôdée pour ce premier album et le groupe la renforcera pour son album suivant qui ne souffrira pas des baisses de régime que le punkisant « #1 Bad Boy » peut représenter sur « Look What The Cat Dragged In ». Cet album reste cependant d’une efficacité redoutable et entrera directement dans le Top 10 des ventes US, ce qui en dit long sur ses qualités. Un disque qui se vend à plus de 2 millions d’exemplaire est forcément d’un niveau qui mérite le respect, surtout lorsqu’il s’agit d’une première œuvre qui, de plus, est une parfaite introduction au style d’un groupe particulièrement attachant.