Voici un groupe dont l’histoire récente fut scellée sur l’initiative du label Metal Heaven Records. En effet, le boss de cette dynamique maison en terme de musique métal s’est fendu d’une idée pour le moins inhabituelle. La formation d’un groupe autour d’un compositeur et pivot, en l’occurrence le guitariste Lou St Paul, membre permanent de Winter’s Bane et comme par hasard figurant au catalogue Metal Heaven. Fires Of Babylon, car il fallait également trouver un nom, naquit en fait sans chercher de maison de disque (le terme est désuet mais toujours d’actualité), à l’instar de leurs nombreux compatriotes musiciens dont la recherche et la signature chez un distributeur solide et efficace relèvent encore très souvent du parcours du combattant.
Lou St Paul étant désigné comme principal compositeur, il convenait aussi trouver les instrumentistes pour l’accompagner à mettre sur pied ce projet. La voix s’est vue confiée à Rob Rock, chanteur émérite à la carrière solo déjà bien remplie et aux participations notoires et remarquées chez Impelliteri, Alex Rudi Pell et également Avantasia. La section rythmique repose sur un duo particulièrement costaud avec à la basse Kelly Conlon (ex Death) et Robert Falzano (ex Annihilator) derrière les fûts. C’est donc un véritable club des ex qui entoure Lou St Paul afin d’asseoir le dessein de Fires Of Babylon. D’autant plus que l’expérience dégagée par les membres de ce combo laisse entrevoir des espoirs placés sous les meilleurs signes quant au résultat de cette association. Alors qu’en serat-il du pouvoir attractif de cette galette ?
"Fires Of Babylon", comme il l’est clairement annoncé sur l’encart promotionnel du site web de Metal Heaven, fait référence à un heavy métal à forte connotation 80’s. Autant dire un "revival" que ce quatuor a pour mission de transcender en prêchant par la même occasion la bonne parole. En effet, les textes chantés par Rob Rock sont très inspirés par le christianisme, alors que pour la petite histoire, c’est lui qui revêtit les apparats de l’évêque dans le projet Avantasia. Comme quoi il y a quand même des signes qui ne trompent pas.
Pour en revenir aux dix titres proposés par Fires Of Babylon, ces derniers s’inscrivent entièrement dans la mouvance heavy/speed 80’s. Dans ce chaudron, les qualités du six-cordiste sont au rendez-vous, avec une dextérité clairement affichée sur les rythmiques et une rapidité alliée à un sens mélodique non négligeable sur les soli. La double grosse caisse s’en donne à cœur à joie, aussi bien sur les passages rapides que sur les parties plus médiums. A ce titre, le travail réalisé par ce duo basse/batterie confère une réelle efficacité et insuffle par-là même, la puissance nécessaire aux compositions pour faire honneur au style imposé. Du côté des vocaux, la tessiture de Rob Rock convient tout à fait pour étayer ces dix morceaux, qui plus est, sans abuser de montées dans les aiguës.
Nous avons donc à faire à une formation calibrée sur mesure pour accomplir au mieux possible la tâche qui lui a été confiée. Et effectivement, même s’il n’y a rien à redire à propos du fond, les compositions intègrent sur la forme des schèmes trop souvent prévisibles, accompagnées de refrains axés sur la simplicité, mettant singulièrement en évidence leur manque de relief. Malgré l’adjonction de claviers (c’est St Paul qui s’en charge), qui apportent une touche plus profonde sur les mélodies, les morceaux peinent à sortir d’une linéarité ressentie très tôt à l’écoute de "Fires Of Babylon". Donc, à compter de la cinquième plage, il apparaît comme un sentiment de "déjà entendu" qui restera imprimé jusqu’à la dernière note de cette galette. Malgré tout, le style académique et carré (année quatre vingt oblige…) confère à cette production les conditions suffisantes à l’accomplissement d’un album honorable pour quiconque portant un intérêt à cette prolifique période.
Malgré tout, avec un tel potentiel technique, Fires Of Babylon aurait pu mettre l’accent sur davantage de créativité, bien qu’il soit particulièrement difficile d’apporter du neuf à un mouvement datant d’une bonne vingtaine d’année. Ainsi peut-on penser que Metal Heaven, par l’intermédiaire de cette formation montée de toute pièce, tente de réhabiliter le heavy/speed métal des 80’s. Si cette direction musicale a été imposée, il aurait sans doute mieux valu laisser le champ libre à ces musiciens car ils se seraient certainement atteler à une production nettement plus attractive, compte tenu de leurs états de service respectifs. Cependant, le contenu de cette galette permet à "Fires Of Babylon" de remplir substantiellement son contrat. Quant à la pérennité de ce genre de projet, il s'agit d'une autre histoire qu’il conviendra néanmoins de surveiller du coin de l’œil.