Après 3 albums clairement orientés Hard-Rock, Gotthard vient d’accéder au succès commercial grâce à son album live acoustique "D-Frosted". Devenu quintet après l’arrivée de Mandy Meyer au poste de second guitariste, nos Suisses vont prendre une nouvelle orientation musicale qui va, à la fois leur apporter une reconnaissance commerciale et créer une véritable polémique au sein de leurs fans.
En effet, avec "Open", Gotthard laisse clairement de côté le Hard Rock énergique qui le caractérisait jusqu’à maintenant, pour un soft rock mélodique flirtant avec l’AOR qui n’est pas sans rappeler certains spécialistes du genre et notamment Bon Jovi. Il est d’ailleurs surprenant de constater qu’avec l’arrivée d’un second guitariste, les claviers voient leurs parties autant se développer. Bien que n’étant pas considéré comme membre à part entière du groupe, le travail réalisé par H.P. Brüggemann est incontournable dans le son de cet album.
Tout ceci débouche sur 13 titres, certes de qualité, mais qui n'ont rien en commun avec les débuts du groupe que la voix caractéristique de Steve Lee. Bien sûr, cette voix est toujours impeccable et le chanteur nous offre encore une performance pleine de chaleur et d’émotion, capable d’être tout à tour, énergique ou enjôleur. Il se pose ainsi comme un parfait concurrent à Jon Bon Jovi, même si son interprète de référence reste David Coverdale.
Le reste du groupe offre également une prestation sans faille et en parfaite adéquation avec le nouveau style proposé. Les titres oscillent entre du soft-rock-FM ("Free And Alive", "Got To Be Love" ou "Back To You"), du rock au tempo soutenu ("Want You In"), du mid-tempo pour ondes FM ("Vision" ou "You") ou des ballades, qu’elles soient power ("Let It Rain") ou acoustique ("Peace Of Mind"). Seuls "Cheat And Hide" et l’hommage à Jimi Hendrix "Hey Jimi", avec son riff à la 'It’s A Long Way To The Top' d’AC/DC, sont plus percutants. Enfin la reprise de The Move, 'Blackberry Way' avec son intro à la James Bond et ses réminiscences du célèbre "Penny Lane" des Beatles ainsi que 'Tell No Lies' avec son intro folk-rock évoluant vers le hard FM amènent un peu d'originalité.
Si les objectifs sont évidents et que Gotthard n’a pas hésité à sacrifier son Hard Rock efficace et mélodique, il faut tout de même reconnaître qu’ils n'ont rien perdu de leur talent. Le plaisir est donc au rendez-vous de l’écoute de cet album, à condition d’avoir été prévenu de la nouvelle orientation pour ne pas se sentir victime de trahison.