Le premier Van Halen, c’est un peu comme le premier Led Zeppelin, personne ne l’attendait et il a fait l’effet d’une bombe à sa sortie. Cet album, il faut absolument le resituer dans son époque pour bien en comprendre l’impact. A la fin des 70’s, le rock progressif s’est fait laminer par les punks, le hard rock n’est pas en très grande forme (Led Zeppelin et Deep Purple ont déjà sorti leurs meilleurs albums) et c’est la Côte Est des Etats-Unis qui est à l'affiche avec ce qu’on appellera plus tard le post punk (Patti Smith, Television, Talking Heads…). En Californie, terre de nonchalance et de soleil, les Eagles continuent de délivrer leur country rock pour amateurs de Tequila Sunrise et Fleetwood Mac casse la baraque avec « Rumours », modèle de soft rock rarement égalé dans son genre.
Alors c’est sûr, on imagine le jeune auditeur de l’époque découvrant ce groupe inconnu de Pasadena (Californie) ; d’abord la pochette, on sent qu’ils en veulent, les postures, le cuir, ça va être puissant à vous décoller les tympans, puis, le premier morceau « Runnin’ With The Devil », mon dieu ! C’est quoi ce son ? Une guitare ? Jamais entendu un truc pareil, c’est monstrueux, quand on l’écoute, on dirait presque qu’elle parle. Et cette voix, c’est Robert Plant ? Non, elle est plus rauque, plus… sexuelle également, un truc à faire tomber les minettes. Arrive « Eruption », euh…Effectivement la guitare, non seulement elle parle mais elle rit aussi, ça devient vraiment infernal. « You Really Got Me », tiens ? Une reprise des Kinks ? Ah ouais mais remise au goût du jour, les puristes ont dû crier au scandale mais c’est vraiment le pied !!! Ca joue comme si notre vie en dépendait. Attendez, c’est pas fini, « Ain’t Talkin’ 'Bout love » (ma préférée) continue de battre le chaud et froid et « I’m The One » est jouée à cent à l’heure par un guitariste survolté (appelons-le « guitar-hero », il le mérite), on se permet même une petite partie a capela pour montrer qu’on est pas que des petits morveux. On calme un peu le jeu avec « Jamie’s Cryin’ » mais c’est pour mieux vous poignarder dans le dos ensuite avec « Atomic Punk » (effectivement, ça vous atomise un punk sans problème).
A ce moment-là, le jeune auditeur a déjà saccagé sa chambre et hurle comme un goret dans sa brosse à dent tandis que ses parents inquiets frappent à la porte en lui criant qu’un tremblement de terre est en train de se produire (« The Big One » pour les Californiens). Vous en voulez encore ? Il y a aussi « Ice Cream Man », un blues/rock’n'roll joué depuis les enfers et « On Fire » qui finira de consumer ce qui reste de vous.
Après, ça, si vous êtes encore debout, soit vous êtes sourd, soit vous détestez le hard rock/blues rock. Le premier Van Halen est un classique instantané, et dire que ce n’est que le début de l’histoire…