Ai Caramba ! Les voleurs d'ananas ont encore frappé. Alors que What We Have Sawn (fin 2007) fait tout juste ses premiers pas, un nouvel album intitulé Tightly Unwound sort ce 19 mai 2008. Entre-temps, la bande de Bruce Soord a changé de label en passant chez K-Scope qui s'occupe également de la promotion de Steven Wilson et de ses side-projets (No-Man, Porcupine Tree).
2005, 2006, 2007 et 2008... 4 années pour 4 albums. Les critiques n'avaient pas été tendres avec Little Man (2006), album pop sans mauvaise surprise. What We Have Sawn (2007), album très prog-psychédélique, avait quant à lui emporté un consensus positif à la rédaction de MW. En aussi peu de temps, où va se situer Tightly Unwound ? La grosse crainte que l'on pourrait avoir, c'est que trop de Pineapple Thief tue le Pineapple Thief. Sur une aussi courte durée, le groupe pourrait bien tomber dans la facilité et retomber dans une pop fade et insipide.
Dès les premiers accords, les premières couches de clavier, les premiers mots, il est possible de dégager un "son Pineapple Thief". La voix reconnaissable entre milles de Bruce Soord est une marque de fabrique, les guitares acoustiques apportent le ton pop d'un album comme Little Man pendant que l'électrique rappelle l'ambiance psychédélique de What We Have Sawn (WWHS). C'est dans ce genre de jeu que se lancent les britanniques : trouver un point d'équilibre entre le psychédélique réservé à une certaine catégorie de personnes et la pop ouverte à une plus large palette.
My Debt To You ouvre l'album de façon monumentale. Nous avons affaire à une chanson mélancolique, poétique aux lyrics émouvantes. C'est d'ores et déjà le morceau coup de coeur de l'album. C'est simple et efficace. Pas besoin d'aller plus loin. Dans le même style, Tightly Wound séduit par son break mélodique où seules la voix et la guitare continuent le morceau pour rappeler les autres instruments dans un final intéressant. Musicalement, c'est proche de Radiohead ou des chansons pop de Porcupine Tree.
Vous n'aimez pas la pop ? Très bien, passez donc sur Too Much To Lose qui représente le quart de l'album à lui tout seul. Plus progressif, soutenu, compliqué et répétitif, ce morceau laisse entrevoir une facette plus recherchée et construite de la musique des voleurs d'ananas. Le morceau est plus sombre et simplement différent de ce que nous avions pu entendre avant cela. Peut-être est-ce un reste de la période WWHS ?
Mais avant de terminer cette chronique, il est nécessaire de pointer un bémol sur cet album. Prenons (tout à fait au hasard ...) Different World, morceau de 10 minutes. L'on pourrait légitimement s'attendre à ce que le groupe s'emballe et s'engouffre dans les changements de rythme à répétition et... rien. Pas une surprise. C'est là que les craintes du début se rencontrent. Au rythme effréné auquel ils composent, les musiciens semblent à court d'idées et prolongent inutilement la chanson.
Que retenir ? Que penser ? Doivent-ils prendre un peu de repos et laisser leurs idées mûrir une ou deux années de plus ? Je le pense sincèrement. Faut-il dès lors en conclure que Tightly Unwound est l'album de trop ? Non. Cet album atteint la limite à ne pas dépasser. Il est réussi, accrocheur et sensible. Nos 5 anglais recherchent avec brio une sorte de compromis entre la pop et le psychédélique qui leur sont chers. Little Man avait obtenu un 6 et What We Have Sawn un 9. Le 7.5/10 parait donc judicieux...