Adepte d’un gros metal new generation, désormais bien calibré, très (trop ?) propre, mélodique et que les grincheux trouveront beaucoup trop lisse, les Danois de Mercenary reviennent à l’assaut de nos platines (ou de vos disques durs, c’est selon), avec un cinquième album à l’artwork attrayant, et avec la ferme intention de s’imposer enfin au cœur d’une scène metallique agonisant sous un nombre ahurissant de sorties mensuelles.
Ne changeons pas une équipe qui gagne, Mercenary a concocté une recette qui fonctionne parfaitement et l’applique à la lettre durant tout cet album qui agit sur vous comme un blockbuster Americain qu’on a envie de détester. L’une des ces superproductions Hollywoodiennes contre lesquelles on peste dignement en public vantant les mérites du cinéma Ukrainien mais qu’on savoure seul devant son écran en avouant péniblement «qu’est ce c’est con ce truc...mais j’ai bien aimé ! ».
Tout le problème est là, les ficelles sont énormes (mélo-death Suédois, Power Metal US, joiles voix claires, etc..) mais l’auditeur se laisse volontiers happer par ces compositions facilement accessibles, le metalleux mord à l’hameçon et se fait plaisir, bercé par ce mélange parfaitement maîtrisé d’agressivité (raisonnable tout de même) et de mélodie. Ajoutez à cela un soliste doué et inspiré, le tout enrobé par une production moderne, extrêmement puissante et claire mais à laquelle nous pourrons tout de même reprocher un manque évident de personnalité, et vous vous demanderez fort logiquement pourquoi cette chronique n’est finalement pas emprunte d’un enthousiasme fou et débordant.
Venons en donc aux points qui fâchent... Si le groupe fait preuve d’un véritable savoir-faire lorsqu’il s’agit d’alterner habilement des moments Meshuggesque presque death metalique (attention Mercenary n’est pas Incantation non plus) à d’autres plus posés, il abuse en revanche de mélodies évidentes, faciles et parfois (souvent ?) niaises : le début made in Eurovision de "Isolation" (The Loneliness in December) en est un parfait et triste exemple. Certains refrains désespérément kitsch (« Execution Style »), réservent également à l’auditeur mal préparé de grands moments de solitude... Kitsch également ce clavier parfois emphatique mais trop souvent désuet, laissant échapper des sonorités d’un autre âge qui firent la gloire des compil’ Trance/Goa au milieu des années 90. Autant de maladresses qui viennent quelque peu gâcher l’écoute de cet album parfaitement ficelé et terriblement efficace mais trop naïf dans son approche mélodique.
« Architect of Lies » est l’oeuvre aboutie d’un groupe talentueux et doté d’un réel talent d’écriture mais manquant d’audace pour nous surprendre et nous faire basculer dans un univers mélodieux que nous souhaiterions moins confortable. Il manque la hargne, il manque la folie, il manque le piment... Et oui je suis un vieux grincheux qui trouve ça trop lisse.