Antony Kalugin est un jeune claviériste ukrainien plutôt prolifique : alors qu’il participe déjà dans les groupes ‘Karfagen’, ‘Hoggwash’ et ‘New Age’, Antony semble disposer de suffisamment de temps libre pour lancer son projet solo. C’est sous le nom de ‘Sunchild’ qu’il nous propose donc son dernier effort. Alors que ses précédentes productions solo étaient davantage orientées vers de la musique new age et ambient, ‘The Gnomon’ (tel en est le titre) se tourne résolument vers son côté rock progressif, univers qu’il affectionne tout particulièrement au travers de groupes phares, tantôt issus de la scène 70, tantôt plus modernes.
Cet album est en fait un double album, ventilé en neuf titres, ce qui nous donne quelques morceaux qui flirtent avec la vingtaine de minutes. La couleur générale de l’album est fortement imprégnée de rock prog et de néo prog, et intègre donc une grande diversité d’ambiances et d’instrumentations. D’ailleurs, même si le projet est mené par lui seul, Antony a fait intervenir beaucoup de ses amis musiciens, un peu comme le ferait Lucassen pour ses opéras rock. On ne compte pas moins de dix-sept musiciens, instrumentistes ou chanteurs, l’ensemble couvrant une grande diversité d’instruments à cordes et à vent.
Plutôt que de décrire l’album morceau par morceau, voyons les traits de caractère dégagés par le propos musical développé. Kalugin étant claviériste, il en découle une certaine mise en avant des parties de claviers. Cependant, il essaie visiblement de maintenir un bon équilibre en créant de multiples ambiances axées sur d’autres instruments. L’album s’illustre d’ailleurs par de longs passages instrumentaux, à tel point qu’on est un peu surpris par les premières lignes de chant que l’on attendait plus…
Avec un son, tantôt vintage, tantôt moderne, on alterne entre plages atmosphériques, riffs grassouillets et accrocheurs, soli bien inspirés, nappes de synthés… Les synthés : si vous en voulez, vous en aurez… Ils sont assez inégaux cependant. Les sons utilisés sont variés mais se frottent parfois à des sonorités un peu désuètes, criardes, parfois de mauvais goût…
Les titres sont enchaînés, ce qui unifie l’œuvre et permet d’enrober la variété des styles proposés. Les passages énergiques se mêlent aux passages mélancoliques, les ambiances acoustiques dérapent en envolées symphoniques, l’électro flirte avec le vintage… Au niveau des influences, différentes saveurs se manifestent tour à tour : ‘Ayreon’ pour la diversité des instrumentations, la mise en scène musicale, ‘Phideaux’ pour le symphonisme et le soin apporté aux lignes vocales, notamment les voix féminines, ‘Flower Kings’ pour l’aspect rock vintage, ‘Pink Floyd’ pour le côté atmosphérique, ‘Camel’, ‘Ritual’, ‘Yes’…
Avec ‘The Gnomon’, Kalugin semble avoir choisi de mixer la somme de ses influences. Ça marche plutôt bien, c’est fait avec soin. Les amateurs de diversité appréciant les groupes de référence précités devraient donc trouver leur bonheur à l’écoute de cet album, intéressant à plus d’un titre.