Est-il nécessaire de présenter Kayak, groupe hollandais rescapé de l'époque dorée du progressif, et qui fête cette année ses 35 années d'existence ? Malgré une mise en veilleuse de près de 20 ans, le groupe - qui comprend toujours deux de ses membres originels (Tom Scherpenzeel et Pim Koopman) – est reparti de plus belle en 2000, dans un style quelque peu différent, et dirons-nous plus vendeur, mais totalement assumé et revendiqué par ses leaders. Il sort notamment de deux grosses productions en forme d'opéra-rock, (Merlin, Bard of the Unseen et Nostradamus, the Fate of Man), pour autant de succès dans l'autre plat-pays.
Changement de philosophie pour ce nouvel album, Coming Up From Air. Ici, point d'opéra rock ni même de concept, mais simplement 15 chansons sans lien apparent. Par contre, concernant la musique, on retrouve les ingrédients utilisés lors des deux précédents albums, à savoir des titres courts, dans un style pop/rock avec quelques touches éparses de progressif, principalement dans le symphonisme des claviers de Tom Scherpenzeel. Les dialogues entre les voix féminines et masculines feraient même passer certains titres pour des extraits de comédie musicale.
Ainsi, après une entame en fanfare, limite lourdingue dans les performances vocales et les claviers pompeux (Alienation puis Man in the Cocoon), on retrouve ensuite le style Kayak traditionnel de ces dernières années, avec des morceaux qui rappellent dans leur construction et leurs vocaux masculins Alan Parsons Project, avec lequel Kayak peut sans problème passer le concours des plus belles mélodies pop. En revanche, les interventions de Cindy Oudshoorn sont malheureusement un peu trop américanisées, sa façon de forcer le trait finissant par lasser. D'ailleurs, dans Undecided , on en vient à se demander si le groupe n'a pas embauché Alaniss Morissette tellement la ressemblance est frappante !
L'album déroule ainsi ses plages entre ballades pop/rock sucrées et titres plus rock. Pas de morceaux vraiment faibles, mais pas non plus de morceaux phares, hormis peut-être le magnifique Broken White et ses touches d'accordéon, ou encore The Mask and the Mirror et son final symphonique poignant à la BJH !
Pour ceux qui auraient quitté Kayak au début des années 80, inutile de chercher ici le style si camélien qui fit la renommée du groupe au siècle dernier. Nous sommes en présence d'un bon album de pop/rock, dans la lignée de Merlin ou Nostradamus, mais sans le symphonisme grandiloquent du premier et l'inspiration médiévale du second. Cet album plaira sans conteste aux amateurs des chansons pop d'Alan Parsons Project, mais laissera sur leur faim ceux qui attendraient un peu plus de développement de la part d'un groupe qui a tant de fois démontré sa capacité à le faire. Mais nous l'avons dit précédemment, Kayak a fait le choix de vivre de sa musique, ceci expliquant cela.