Transit , Jan « Transit » Kenneth, vous l’avez peut-être déjà entendu si vous avez suivi de près ou de loin la carrière de In The Wood, groupe de métal extrême (formé aussi par les anciens membres de Green Carnation) à partir de laquelle le bonhomme s’est émancipé après le split en 2000 afin de voler de ses propres ailes. Faisant suite à sept ans d’existence et trois albums studio, ce départ fut aussi celui de sa nouvelle carrière solo. Huit longues années ont donc été nécessaires avant la sortie de "Decent Man on a Desperate Moon", l’enregistrement ayant à lui seul nécessité près de deux ans.
Malgré les antécédents du norvégien, malgré cette pochette quelque peu aseptisée, les connaisseurs pourraient être surpris par le tournant donné au registre de Jan Transit. Cet album fait figure de road movie, un carnet de route qu’un routard aurait pu annoter de ses impressions lors d’une traversée de l’Amérique du blues et du rock. Ceci dit, Transit vit avec son temps, et ses compositions restent en apparence résolument modernes.
Le folklore américain ne semble pourtant n’avoir aucun secret pour Transit. Avec des formes plutôt épurées, parfois minimalistes, sa musique prend plus généralement des teintes blues-rock (« Bleed on Me », « You and Me and Then Some »…) mais aussi country (« Estrangeiro - New Man » ) voire passe par des instrumentaux post-rock (« Ad anima pt. 2 ») Il s’octroie une escale en milieu d’album, celle qui mène à se poser, à regarder le ciel noir étoilé et à nourrir son âme en musique d’une ballade d’une douceur mélancolique. « Miller song » accrédité d’un langoureux violoncelle est de celle-là. Elle a aussi l’avantage de montrer le véritable potentiel de Jan Transit en matière d’interprétation. Son timbre pourrait d’ailleurs rappeler sur les morceaux les plus vigoureux celle de Paul Banks, frontman d’Interpol.
Et ce sont par des sentiments diverses que chacun pourra appréhender cet opus notamment parce que l’auditeur se verra étrangement voyager en terre connue. Transit lui-même admet que son œuvre s’apparente à quelque chose de déjà entendu auparavant, mais sans être sûr d’où et quand.
En à peine trente-sept petites minutes, notre macadam cowboy scandinave varie les plaisirs, se mettant en scène au travers d’ambiances mystérieuses, électriques ou plus intimistes. Une étrange reconversion pour Transit et une belle découverte qui ravira les amateurs de rock alternatif et de blues dans des schémas contemporains.