Headhunter est un trio allemand formé en 1990 à l’initiative du bassiste/chanteur Marcel "Schmier" Schirmer lorsqu’il a claqué la porte de Destruction pour diverses raisons, aussi bien musicales que personnelles. La dernière sortie discographique en date de ce combo remonte à 1994 avec l’album "Rebirth". Depuis, plus beaucoup de nouvelles de Headhunter, Schmier ayant réintégré son groupe de prédilection. C’est donc sans crier gare que débarque ce nouvel opus distribué par le label AFM. Toujours sous la forme d’un trio, l’imposant musicien a redonné vie à Headhunter entouré du guitariste Uwe "Schmuddel" Hoffmann (ex Talon) et du cogneur volatile Jörg Michael (ex Axel Rudi Pell, Running Wild, Avenger, Stratovarius, Saxon pour ne citer que les plus connus). Headhunter amorce donc un retour, qui sans être impatiemment attendu (quatorze ans d’attente, c’est quand même un peu long…) , attise logiquement une certaine curiosité. Alors que va donc proposer cette nouvelle mouture d’Headhunter avec "Parasite Of Society", son tout nouvel opus ?
Le trio allemand emmené par Schmier reste fidèle à un power/thrash métal fortement enraciné dans la faction extrême du mouvement heavy germanique. Quoi de plus normal, car ce bassiste/chanteur en fut un précurseur à l’aube des années quatre vingt. "Parasite Of Society " demeurre donc fidèle à cet ancrage mais avec tout de même de nombreuses incursions vers un style plus lourd et carré. Nul doute qu’Headhunter sait appuyer sur l’accélérateur, notamment avec le titre éponyme, mais également sur un "Doomsday For The Prayer " particulièrement prenant et le copieux "Egomaniac". Le power trio installe une ambiance brutale et rapide avec l’aisance professionnelle issue des carrières respectives de chaque protagoniste. La voix particulière de Schmier, toujours fidèle au timbre rugueux et rageur, conforte cette impression de puissance, et ce tout au long de "Parasite Of Society". Le frontman est donc en pleine forme, et ces trois morceaux peuvent donner du fil à retordre à quelques nouvelles formations tentées de faire une incursion sur les terres sinueuses du power/thrash métal à la sauce germanique.
Parallèlement, des titres comme "Remission", avec ses arpèges au son clair en guise d’introduction, "The Calling" ou encore "Silverskull" et son refrain guerrier et tapageur s’inscrivent dans un hard/heavy qui, tout en restant large d’épaule, s’éloigne des poncifs thrash et fulgurants en se rapprochant des groupes majeurs de la NWOGHM, spécialement Running Wild et Grave Digger. Headhunter enfonce le clou (ou plutôt l’enclume) sur "Backs To The Wall" dont la teneur pesante et mélodique s’associe au célèbre "Balls To The Wall" d'Accept. A ce titre, les deux reprises exécutées sur cette galette sont l’exact reflet de cette alternance avec en premier lieu, "18 And Life" du groupe américain Skid Row passée à la moulinette heavy donc pas foncièrement désagréable ainsi que "Rapide Fire" des incontournables anglais de Judas Priest dont l’interprétation rend magistralement hommage à cet excellent morceau.
"Parasite Of Society" transpire d’intensité même si le groupe se permet franchement de naviguer entre l’enthousiasme ravageur de Destruction et des sentiers certes plus classiques mais exaltés par l’expérience de ce power trio. La justesse des thèmes et le dynamisme d’Headhunter n’ont absolument rien à envier aux jeunes formations aux dents longues. L’inconditionnel pur et dur de Schmier trouvera largement de quoi se satisfaire avec cette production et le fan d’un heavy métal plus traditionnel y découvrira une autre facette de ce prolifique personnage. Par le biais de ces douze compositions, ces trois musiciens sont parvenus à concilier ces deux factions sans que l’une ou l’autre n’y ressente un quelconque sentiment de trahison. Mais admettons qu’il faille encore attendre quatorze ans (sait-on jamais) pour entendre un nouvel opus d’Headhunter, "Parasite Of Society" dispose d’arguments solides pour patienter, mais afin de préserver la bonne santé du courant thrash/heavy métal, il serait quand même préférable que l’attente soit beaucoup moins longue.