Après deux albums au succès plus que respectable ainsi que plusieurs tournées où la qualité de ses performances scéniques fût remarquée par tous, Bon Jovi doit s’attaquer à son troisième opus qui est souvent considéré comme une étape décisive pour l’avenir d’un groupe. Pour cela, les musiciens s’entourent d’une dream team qui va remplir sa mission au-delà de toute espérance. La production est confiée au canadien Bruce Fairbairn qui vient d’enchaîner plusieurs coups gagnants avec Krokus, Black’n’Blue et Honeymoon Suite. D’autre part, Jon et Richie décident d’embaucher Desmond Child pour les épauler dans leur travail de composition. Le résultat est tout simplement monstrueux. "Slippery When Wet" sera vendu à près de 14 millions d’exemplaire aux Etats-Unis et à plus de 28 millions à travers le monde.
Et les ventes d’albums seront doublées de ventes de singles. Ainsi, Bon Jovi sera le premier groupe à enchaîner deux singles consécutifs à la place de N°1 du Billboard avec "You Give Love A Bad Name" et "Livin’ On A Prayer". Comme par hasard, il s’agit de deux des trois titres composés avec Desmond Child. Il est à noter que "Without Love", le troisième titre composé par le trio Child – Bon Jovi – Sambora est un mid-tempo FM qui possède également toutes les qualités requises pour obtenir un succès radiophonique et commercial. Le groupe lui préfèrera la ballade country "Wanted Dead Or Alive", ce qui débouchera sur une place de N°8 dans les classements. Et Bon Jovi réussira même à ajouter un quatrième titre classé, à savoir la ballade "Never Say Goodbye", qui bien que légèrement sirupeuse, atteindra tout de même le Top 30 des ventes.
Bien que restant cantonné dans un hard FM, Bon Jovi réussit à varier les plaisirs avec toujours autant de réussite. S’il maîtrise désormais parfaitement l’art de la ballade avec les deux tubes cités précédemment, le groupe est également parfait dans la composition de titres au tempo un peu plus lourd dont le refrain se transforme rapidement en véritable hymne. Le titre d’ouverture, "Let It Rock", en est le parfait exemple avec son introduction aux orgues grandiloquents. Il est rejoint dans cette catégorie par un "Social Disease" à l’introduction torride et au solo ravageur, et par un "Raise Your Hands" dont le refrain est aussi fédérateur que le titre. Enfin, bien que s’appuyant sur un tempo plus rapide, "Wild In The Streets" peut également bénéficier du statut d’hymne FM.
Mais ce qui participera le plus au succès commercial de cet album, c’est cette capacité à composer des titres flirtant avec l’AOR et devenant ainsi accessibles à un plus grand nombre comme "You Give Love A Bad Name" scandé dès son introduction et qui ne quitte plus la mémoire. Impossible également de passer sous silence la légendaire talk-box de "Livin’ On A Prayer", "Without Love" cité précédemment et le plus rapide et musclé "I’d Die For You" qui viennent compléter cette catégorie pour faire de cet album un incontournable du genre.
Il y a fort à parier que la plupart d’entre vous a déjà eu l’occasion d’écouter ce "Slippery When Wet" ou au moins un de ses singles. Pour les autres, même si vous n’êtes pas amateurs du style FM, il serait cependant dommage de ne pas élargir votre horizon musical en prêtant un peu d’attention à ce diamant brut brillant toujours au firmament d’un style qui a trouvé en lui un de ses meilleurs ambassadeurs.