Contrairement à ce que l’absence de notoriété d’Alliance sur notre territoire pourrait laisser croire, ce n’est pas un de ces jeunes bébés dont le hard FM accouche chaque année. Peu connue certes, la formation en est à son quatrième album et les musiciens qui la composent ne sont pas novices en la matière. Un rapide coup d’œil sur le line-up et la corrélation avec Sammy Hagar, Hush, ou Nightranger sera une évidence.
Car Alliance c’est avant tout l’union de musiciens aguerris, ayant œuvré pour de grands noms et dont le talent ne saurait être remis en cause. C’est là la première force du groupe. La seconde réside dans l’inspiration du leader-producteur Robert Berry, et dans sa capacité à restaurer certaines fondations du rock FM des années 90. Ainsi l’utilisation du clavier en mode synthétiseur pourrait paraître archi-datée si elle n’était pas menée de main de maître par Alan Fidzgerald et ne bénéficiait pas d’un bon mixage.
On a parfois l’impression d’entendre les orchestrations de Peter Gabriel, ou encore celles du Toto des 90’ et bon nombre de compositions auraient fait bonne figure sur la B.O. de Rocky IV ou de Top Gun… Attention cependant, nous sommes bien loin de la ringardise de certains tubes poussiéreux (qui procurent toujours un plaisir coupable…) et l’album dépasse de loin le formalisme qui jadis les banalisait.
Dès le premier titre, la route pour le paradis promet une jolie virée rock, bluesy et parfois même un peu progressive. La voix de Berry est un vrai plaisir pour les oreilles et son timbre grave et chaleureux évoque parfois celui de Danny Vaughn. La basse et la guitare contribuent également à créer une atmosphère exaltante et l’invitation au voyage s’accepte avec plaisir.
Il ne faut pas s’attendre à du hard rock pêchu, mais la rythmique de la plupart des titres est suffisamment entraînante pour satisfaire toutes les envies. Les mélodies de « I Can Breathe » ou « Comin’ Home » sont efficaces, flirtent avec le blues rock et mettent en valeur la six cordes de Gary Phil. La batterie n’est pas en reste, bien que discrète, et le jeu est parfaitement exécuté.
Certaines atmosphères sont davantage travaillées comme en témoignent les sonorités cristallines de « Broken Glass » et la plus étrange « Like Me Like ». L’excellente surprise de l’album est à découvrir avec le titre « Remember Those Days », composition quasi progressive de plus de 6 minutes promettant de belles envolées instrumentales.
Un album de 13 titres ne peut jamais être parfait et il faut bien reconnaître une certaine baisse de régime en cours d’album et quelques titres trop convenus pour attirer l’attention. La mièvrerie, quant à elle, est laissée de coté pour le plus grand bonheur des anti ballades sirupeuses. Reste une belle compo de qualité au ton légèrement adoucit ("Make A Stand"). Tout en restant dans des sentiers balisés, Alliance sait faire preuve de maturité et combine habilement sagesse et inventivité : Une belle alliance pour un bon album.