La musique est, chez les Shulman, une affaire de Famille. Les frères Derek, Philip et Raymond ont fondé à la fin des années 60 Gentle Giant, un des premiers groupes progressifs. Aujourd’hui Damon (fils ou neveu des précédents) enregistre son deuxième album, Vultures and Sheep, en y faisant participer sa femme et ses fils. Damon tient tous les instruments, compose tous les morceaux et a assuré toute la production.
J’ai une vilaine propension à me méfier des albums entièrement réalisés par un seul homme ; la plupart donnent un résultat moyen, la faute probablement à un manque de recul de l’artiste sur son propre travail. Malgré les observations bienveillantes de son père Phil et de son oncle Ray, Damon n’échappe pas au piège de celui qui s’est vu offrir un beau jouet mais ne sait pas vraiment s’en servir.
S’il existe un rapport entre l’univers de Gentle Giant et les compositions de Vultures and Sheep, c’est probablement dans la volonté de faire abstraction de cadres mélodiques stricts. Mais si ses aînés savaient construire un univers, Damon quant à lui reste embourbé dans des compositions sans âme, peu servies par une production parfois indistincte. Sa technique vocale un peu juste limite son propos et ce manque de charisme, à la limite de la fausseté, empêche bien souvent les morceaux de prendre une cohérence porteuse.
L’audition de ces 41 minutes paraît donc bien longue, à part Walk, le seul titre défendable du CD, où Damon arrive à libérer un peu sa voix et son écriture. Le comble est atteint sur le morceau le plus long, Wanted, proposant plus de 7 minutes de collages à la va-vite où l’auditeur est ballotté d’un segment à l’autre sans comprendre où on l’emmène. Ajoutons que certains effets d’enregistrement (oscillations de claviers d’un canal à l’autre) deviennent rapidement irritants.
Beaucoup trop de défauts donc dans ce Vultures and Sheep pour en faire un album attachant. Comme quoi il ne suffit pas d’être né et d’avoir grandi dans un univers musical riche pour écrire des ouvrages de qualité ....