Je tiens à préciser à l’entame de cette chronique qu’avant sa rédaction, je n’avais pas le plaisir de connaître le groupe anglais Mostly Autumn. Je me suis donc mis en chasse sur la toile, et par l’intermédiaire d’un excellent site dont je ne peux que vous recommander la fréquentation (Musicwaves.fr, si je me souviens bien), j’ai pu recueillir un certain nombre d’éléments qui m’ont mis l’eau à la bouche : un mélange réussi d’un rock/folk atmoshérique progressif avec une coloration celtique. J’ai pu lire aussi des références à Pink Floyd, RPWL et Pendragon. Attiré par ces annonces comme un papillon par la lumière, je me suis mis à l’écoute de ce Glass Shadows (plus quelques précédents pour la comparaison) avec une certaine fébrilité.
Depuis Heart of Full Sky, le groupe a fait quelques changements dans son line-up, récupérant Ian Jennings aux claviers, Liam Davison à la guitare, engageant un nouveau batteur (Henry Bourne), et titularisant Anne-Marie Helder à la flûte. Ainsi depuis deux albums, nous assistons à un curieux jeu de chaises musicales dans la formation ; espérons que ce ne soit pas au détriment de la musique ! Côté son, le groupe a gagné en précision, les plans étant tous parfaitement nets. Certains qualifieront cette évolution d’aseptisation, en réalité cette clarté rend justice au côté aérien des compositions.
A l’écoute des premiers titres, ni le côté progressif ni le côté folk ne sont les plus évidents. Nous entendons plutôt une pop sophistiquée d’excellente facture, faisant le part belle aux harmonies vocales, avec une jolie efficacité mélodique. Normal, me direz-vous, la formation aligne quatre chanteurs, tout le monde ne peut pas en faire autant ! Mais ici cela confine à l’excellence ...
Le coté folk est surtout présent dans les orchestrations, avec une utilisation abondante et bien placée de la guitare acoustique, des apparitions judicieuses de la flûte, des percussions celtiques (Above the Blue) et des résonances irlandaises (Until the Story Ends). Pour le versant progressif, il faut se tourner vers les titres plus longs qui proposent des développements fort intéressants (Tearing at the Fearytale et surtout Glass Shadows, excellent). L’album n’est donc pas franchement typé prog ou folk, mais on peut lui attribuer le terme d’atmosphérique, tant l’ambiance automnale, comme l’indique le nom du groupe est constamment maintenue - et réussie - tout au long de l’album (sauf peut-être sur le final A Different Sky, assez Beach Boys moderne).
Et puis il y a les musiciens : Brian Josh, principal compositeur du groupe, est un guitariste sensible et expressif. Son jeu se rapproche de celui de David Gilmour pour nous offrir un des plus beaux sons de guitares du prog ... Par ailleurs sa voix s’est affirmée, prenant un timbre un peu voilé qui s’harmonise avec celle de ses partenaires. Enfin, je ne peux pas achever cette chronique sans parler de la voix d’Heater Findlay, impeccable dans toutes ses interventions et qui nous fait une pure démonstration de beauté vocale sur Papers Angels. Là où les voix “à la mode” - celles qui cherchent leur(s) inspiration(s) dans le silicone et font dans la surenchère gratuite et nuisible - Heather, simplement accompagnée d’un piano au début du titre, nous émeut par son extrême sensibilité et son placement irréprochable. Comme quoi il en est des voix comme de la beauté : c’est en les habillant le moins qu’on peut le plus les apprécier !
Avec ce Glass Shadows, Mostly Autumn nous propose un album de haute volée qu’il serait dommage de ne pas découvrir. Un de leur meilleurs opus, probablement le plus équilibré côté son et sans titre réellement faible.