The Voice of Rock is back ! Peu de temps après l’excellent Music For The Divine, le légendaire chanteur de Deep Purple, Glenn Hughes, sort son nouvel album, bizarrement intitulé First Underground Nuclear Kitchen (tout ça pour aboutir à l’acronyme F.U.N.K). Pour cet évènement le britannique remet le couvert avec son batteur fétiche depuis deux albums, Chad Smith (RHCP) pour poser une nouvelle pierre à son édifice rock-funk-soul tellement apprécié par Stevie Wonder qu'il a célébré Hughes comme étant « son chanteur blanc favori » (sic). Fort de ses tournées parfois en tête d’affiche en Europe et aux Etats-Unis, Glenn n’a jamais eu autant la funk-attitude et il vient battre le fer pendant qu’il est encore chaud avec un album qui n’a jamais aussi bien porté son nom.
L’orientation de F.U.N.K est clairement funk (tautologie!), peut être plus que jamais. L’album se partage en deux tendances presque égales, les rock-funk très entraînants et les ballades très soul. Pour agrémenter ses morceaux Glenn Hughes fait appel à des sections de cuivres qui teintent puissamment les compositions d’une couleur vintage et seventies (« First Underground Nuclear Kitchen »). Le son clavier typique des albums de cette époque bénite pendant laquelle le label Motown a fait ses plus grosses découvertes est aussi utilisé tout au long de l’album (« Love Communion ») tout en laissant l’énergie des morceaux intactes. Comment ne pas taper du pied sur les rythmiques endiablées de « Crave » ou « Love Communion » ?
Les guitaristes présents sur l’enregistrement varient les effets pour ne pas tomber dans la redite. L’utilisation de la wah-wah («First Underground Nuclear Kitchen») ou d’effets psychédéliques (« We Shall Be Free ») se marie particulièrement bien avec les tempos et le groove imprimé par un Chad Smith dont l’importance ne cesse de croître au sein des albums de Glenn Hughes. Glenn Hughes chante comme s’il avait vingt ans. Ses interventions tant dans la puissance (« Love Communion ») que dans la douceur (« Imperfection ») sont plus que jamais exemplaires et il n’a jamais aussi bien porté son nom de The Voice. Si on met de côté les effets vocaux avec écho pas forcément du meilleur goût sur « Never Say Never », la prestation est fantastique.
Au sujet des tempos plus lent, les ballades montrent une facette plus soul que les titres funk-rock avec une prédominance des claviers (la ballade très légère « Imperfection » et la reposante « Where There A Will ») ou de la guitare acoustique (« Satellite »). Ces morceaux sont excellemment interprétés avec la souplesse vocale dont Glenn Hughes s’est rendu maître. Le morceau « Oil And Water » nous rappelle au bon souvenir de l’excellent Fused avec Tony Iommi avec ses riffs sabbathien qui en font la composition la plus heavy de l’album.
La seule déception que l’on pourrait trouver à ce F.U.N.K fort réussi réside dans l’absence d’un titre plus original que les autres. Dans les deux précédents albums apparaissaient toujours un morceau que nous qualifierons d'« épique », dans lequel le développement est plus complexe que pour le reste de l’album. Les excellents « The Valiant Denial » pour Music For The Divine et « Let It Go » dans Soul Mover tenaient ce rôle de titre presque progressif. Le pessimiste « Too Late To Save The World » qui débute comme une ballade avec son quatuor de violons et qui débouche sur un rock inspiré se révèle plus surprenant que prévu mais n’arrive pas à créer la même alchimie qui régnait sur les deux compositions sus-mentionnées.
La grande force de Glenn Hughes est de savoir marier le funk, la soul et le rock. Les Red Hot Chili Peppers ou Stevie Salas, pour ne citer qu’eux, excellent dans l’art de coupler funk et rock mais y incorporer de fortes doses de soul est quasi exclusif de Glenn. Cela tient autant au grain de voix de l’inusable anglais que de son inspiration, bien que celle-ci ne soit pas aussi géniale que sur certains de ces anciens disques. On ne peut quand même que saluer la belle qualité générale de l’objet. Hughes avait prévenu que F.U.N.K serait bien différent des dernières moutures car bien moins heavy et radicalement plus funky. Il n’aura pas menti.