Après 4 albums qui lui ont permis de se positionner comme une référence incontournable du hard rock, il était temps que Soul Doctor passe à l’épreuve de l’album live. Ses performances dans cet exercice ayant toujours été marquées par un professionnalisme sans faille et une authenticité rafraîchissante, l’optimisme semble devoir être de rigueur.
L’ombre d’un doute concernant l’homogénéité de l’objet voit cependant le jour lorsque nous apprenons que les 13 titres le composant ont été enregistrés à travers l’Europe entre 2005 et 2007. En effet, si l’interprétation ne peut recevoir que des louanges que nous nous ferons un plaisir de distribuer d’ici quelques lignes, c’est bien la production qui représentera le tendon d’Achille de ce "That’s Live !". La qualité d’enregistrement de la performance des musiciens est excellente et permet de déguster la magnifique voix de Tommy Heart qui module à la perfection la puissance de ses cordes vocales pour nous offrir une palette d’émotions profondes et variées. Elle met également en valeur le véritable mur vrombissant dressé par Jogy Rautenberg et sur lequel ses camarades de jeu peuvent s’appuyer en toute confiance. Les performances de Chris Lyne et, à un degré moindre, de Michael Wolpers étant également parfaitement équilibrées, vous ne manquerez pas de vous demander où se trouve le problème. Dans la présence du public ! Cette présence et l’échange qui se met en place avec le groupe, et qui peut transcender une excellente prestation en un moment inoubliable… Bref, l’essence même du live dont nous sommes privés par la production. Le public est quasiment inaudible et la multiplication des lieux d’enregistrement nous prive d’une grande partie des échanges que le groupe a pu mettre en place. Dommage car la prestation et le répertoire sont quasiment parfaits.
Tout d’abord, chaque album est représenté par 2 à 4 titres. Si "For A Fistfull Of Dollars" est le moins interprété, il n’empêche que "Under Your Skin" avec son intro et ses chœurs à la "Thunderstruck" d’AC/DC, et qu’ "Eatin’ On Me" apportent une touche de hard rock’n’roll fraîche et dynamisante. L’interprétation reste dans l’ensemble assez proche des versions studios mais ne manque jamais d’enthousiasme. Nous noterons cependant le solo de Chris Lyne en introduction du heavy "Unspoken Words", les claviers planants sur martèlement métallique et solo de guitare plein de feeling qui ouvrent le dynamique "Get It On" et, enfin, le break sur "Soul Doctor" privé d’une partie de sa magie par le fameux problème du public quasi-inaudible. Comme en plus, la grande majorité des interventions de Tommy Heart se font dans la langue de Goethe, il est alors difficile de ressentir l’émotion dégagée par Soul Doctor sur scène. Ceci est d’autant plus dommageable que l’interprétation est sans faille, professionnelle et authentique comme ses interprètes. De ce fait, l’enthousiasme procurée par cette dernière se retrouve handicapée par l’énorme frustration de ne pas ressentir ces sensations si particulières dégagées par la rencontre d’un groupe et de son public.
"That’s Live !" reste cependant un excellent moyen de découvrir Soul Doctor pour ceux qui ne connaîtraient pas encore ce groupe attachant, et un parfait résumé du début de carrière des 4 teutons pour ceux qui l’ont suivie.