Le choc de deux continents, la confrontation de cultures diamétralement opposées ! Alors que la vieille Europe et plus précisément la France découvrait ce qu'était le "Metal" grâce à Tokio Hotel, l’Australie encensait Karnivool, auteur de ce « Thematha ». Pour accentuer cet énorme fossé qui nous sépare, il aura fallu attendre 2007 et la réédition de ce dernier album qui a connu le succès dans son pays en 2005 pour découvrir cet opus.
« C.O.T.E. » et le titre éponyme qui ouvrent l'album sont des morceaux alliant l'efficacité du métal avec des riffs incisifs à des mélodies imparables et entêtantes mises en avant par le superbe organe d’Ian Kenny ! La première chose qui frappe l’auditeur à l’écoute de ce « Themata » est bel et bien le talent incommensurable d’Ian Kenny dont la tessiture est un savant mélange de Jeff Buckley, Brandon Boyd (Incubus) et Maynard James Keenan (Tool).
Au même titre qu'un Chevelle, si on devait classer et comparer Karnivool, Tool vient tout de suite à l’esprit en raison des alternances de titres sombres et mélancoliques et de titres heavy aux riffs syncopés, le tout dans un esprit indéniablement progressif... Progressif comme le sublime « Fear In the Sky » véritable feu d’artifice avec son riff déstructuré et un break inspiré que n’aurait pas renié n’importe quel groupe du genre ! Et que dire de ce qui suit ? Hormis le fait que le titre puisse faire sourire dans notre pays, « Roquefort » s’avère être un morceau rock puissant particulièrement addictif pouvant rappeler Led Zeppelin.
Mais "Themata" est avant tout un album proposant des morceaux entraînants et à l’énergie débordante. Dans cet esprit, « L1fel1ke » ravira les amateurs de métal énergiques modernes à la manière d’un Incubus. Si l’enchaînement des 12 titres pourrait paraître redondant aux oreilles exigeantes de certains, les australiens réveillent l’éventuel sceptique avec l’énorme intermède instrumental polyrythmique « Scarabs » justifiant l’admiration des musiciens pour Meshuggah et démontrant que Karnivool ne se résume pas au seul talent -certes immense- de Ian Kenny ! Et pour mieux prendre son auditeur à contre-pied et justifier le statut de groupe à suivre, les australiens enchaînent avec une ballade « Swen and Silent » aux mélodies envoûtantes.
Il n’est jamais trop tard pour rattraper le temps perdu. N’hésitez pas une seconde à jeter une oreille sur ce groupe prometteur qui a parfaitement su digérer ses influences manifestes pour faire de ce « Themata » un album qui, s’il n’est pas incontournable en raison d’un certain essoufflement sur la fin, est tout de même à découvrir d’urgence !