Chris Catena est un chanteur italien qui navigue dans la sphère rock depuis une vingtaine d’années. La longue liste des projets et collaborations auxquels a participé ce musicien est impressionnante, notamment sur des "tributes" à Ritchie Blackmore, Led Zeppelin, Davis Lee Roth et Kiss mais également avec des instrumentistes aussi renommés que Glenn Hugues, Stevie Salas, Graham Bonnet et Blues Saraceno. En marge de ces diverses participations, Chris Catena s’est offert son premier album en solo intitulé "Freak Out" en 2004. Une flopée d’invités a évidemment été convenue à la réalisation de cette originel galette, qui compte sur ses nombreuses pistes des pointures comme les batteurs Tommy Aldridge (Whitesnake) et Virgil Donati (Planet X), le toujours fringant chanteur Glenn Hugues et le bassiste de Doug Wimbish (Living Color). Et comme un heureux hasard, la nouvelle production de Chris Catena s’inscrit dans le même sillage, avec un nombre d’invités qui laisse à penser que le carnet d’adresse de ce musicien s’apparente à un véritable bottin mondain du hard rock.
Sous le titre de "Discovery", cette nouvelle galette s’inscrit une fois encore sous le signe de l’abondance, avec pas moins de dix huit compositions dont quasi autant de musiciens pour en assurer l’interprétation. Soit au total quatre vingt minutes sous les hospices de Chris Catena, qui pour l’occasion s’est offert les services d’un certain Derek Riggs pour l’artwork de ce "Discovery". Tout bien regardé, ce créateur de talent (le papa d’Eddy, emblème mythique d’Iron Maiden) a connu des moments beaucoup plus inspirés que cette pâle représentation d’un gourou bleuté qui semble sous l’influence de substances frelatées et reléguées dans un musée de paléontologie. Heureusement qu’il n’en est rien en ce qui concerne l’entourage de Catena pour honorer tous ces titres.
Au rayon des six cordes, pas moins de huit axemen dont Pat Travers, Bruce Kulick (Kiss), Tommy Denander, Janne Starke (Overdrive) issus de la mouvance hard rock, mais qui oeuvrent dans des styles complètement différents. Pour la section rythmique, un batteur de renom en la personne du célèbre moustachu Carmine Appice (Rod Stewart, King Cobra, Pat Travers) et un bassiste connu et complémentaire en la personne de Tony Franklin (The Firm, Blue Murder, Carmince Appice). Eh oui, des noms se croisent dans cette jungle artistique qui laisse à penser que nous tenons là un album hors norme en matière de contenu musical. Pour assurer les vocaux, Chris Catena se partage la tâche avec également une pointure en la matière, Bobby Kimball (Toto). De prime abord, il n’est pas évident de concevoir dans quelle direction tout ce joli monde va évoluer sous l’emprise du maître de cérémonie.
Mais venons en à l’essentiel, à savoir la musique engendrée par ce panel représentatif de plusieurs génération du hard rock. Le heavy rock est à l’honneur, avec plusieurs axes bien distincts, dont le ronflant "Freedom Bound" et une direction plus bluesy sur "The Choosen One" avec un Bobby Kimball particulièrement mordant. Un sillage groovy et funky s’illumine pendant le sulfureux "New Dimension" assez proche de Stevie Salas. Le lumineux "The Spacefreak King", monté sur des ressorts psychédéliques, fait office d’un hit en puissance avec son refrain simple mais bien prenant. Ces morceaux dégagent beaucoup d’énergie et prouvent que Chris Catena est complètement scotché sur les années soixante dix. Et ce n’est pas la power ballade "The Last Goodbye" qui viendra prouver le contraire avec sa trame guitaristique très ancrée dans cette période. D’ailleurs, le mini moog de "Hot Damn Mercy Man" conforte dans cette direction où s’ajoute un brin de psychédélisme très accolant aux seventies. La suite se propage dans cette nébuleuse où les ambiances heavy et plus rapides (Cover Girls) se succèdent sans réel discernement, mais toujours efficaces et sous haute influence des manieurs de six cordes.
Seulement, la suite est beaucoup moins glorieuse car sous l’emprise de ballades qui, même interprétées avec beaucoup d’aisance et de conviction, ramollissent considérablement le rythme de "Discovery". Heureusement que les guitar heros remontent le niveau en y assénant des soli bien sentis et suffisament énergiques. Bien sûr, les morceaux "cools" font également corps avec les seventies, mais en coller cinq coup sur coup, ça finit par endormir un peu… Beaucoup.
Ce dernier constat est un peu amer, mais malheureusement inévitable. Et au final, "Discovery" va payer le tribut de cette enfilade de morceaux trop indolents qui entérinent l’humeur énergique et bien enlevée de ce qu’il convient d’appeler la première partie de l’album. La longueur de cet album est également préjudiciable à son homogénéité et son efficience générale. Mais cette générosité évidente de Chris Catena, que ce soit aussi bien au niveau de la durée du CD que du nombre de musiciens, finit par démontrer qu’il est bien difficile pour lui de se faire un nom parmi cette meute peuplée d’instrumentistes reconnus et populaires. "Discovery" devrait donc entrer sans difficultés dans le créneau des amateurs de musique seventies, avec les points forts et les nuances plus discutables qu’elles ont apporté au monde musical. Ce qui amène à conclure définitivement que pour l’album hors norme, il faudra encore patienter...