Créé en 2003 à l'initiative de Laurie Ann Haus, chanteuse d'Autumn Tears, Todesbonden s'est donné comme objectif de produire une musique à tendance métallique, en y ajoutant une bonne grosse touche de world-music. Produit par Jens Bogren, monsieur qui s'est notamment occupé de Opeth ou Pain of Salvation, Sleep Now, Quiet Forest arrive enfin dans les bacs, quatre ans après un premier EP passé plutôt inaperçu dans nos contrées.
Un passage rapide sur le site du groupe (du moins, quand il est accessible) laisse à penser que celui-ci est franchement orienté métal, avec une iconographie typique des métalleux tendance Dark ou Gothique, et un slogan qui amène plus à la fréquentation des cimetières que des parcs d'attraction pour enfant !
L'entame du CD confirme quelque peu la tendance, mais installe surtout un affreux doute dans les oreilles du chroniqueur : aurait-on de nouveau face à nous un nième groupe de métal à chanteuse, comme si les Nightwish et autres clones du genre n'avaient pas déjà tout dit sur le sujet ? Surrender to the Sea est en effet typique du genre, et n'aurait pas déparé une compilation du style. On remarque toutefois les magnifiques qualités vocales de Laurie Ann Haus, dont les montées orientalisantes dans les aigus sont magnifiques. Et puis, dès la deuxième plage, les surprises commencent. Surya Namaksara nous renvoie aux meilleures plages de Dead Can Dance, notre vocaliste parvenant même à reproduire la façon si particulière de chanter du nez de Lisa Gerrard. Certes, les guitares finissent par rappeler l'origine du groupe, mais le mélange est plutôt réussi.
Les bases sont posées, et la suite de l'album propose un patchwork étonnant de musiques d'origines variées, allant du celtique symbolisé par le violon tour à tour poignant puis virevoltant de Patrick Geddes, ou passant par un titre purement Renaissance (Flow my Tears) accompagné à la seule harpe. Les interventions métalliques sont finalement peu nombreuses, et malgré une certaine lourdeur ne rebuteront pas les non-amateurs de musique trop bruyante ! On notera également Fading Empire que n'aurait pas renié Mostly Autumn, et puis surtout le titre épique Battle of Kadesh, concentré des différentes sonorités de l'album réunies dans un titre métal-prog du plus bel effet, où les vocalises puissantes se mêlent à une rythmique intelligente débarrassée de ses attributs patauds.
Pour sa première tentative, Todesbonden nous livre une œuvre plus qu'agréable, qui ne séduira sans doute pas les fans de métal pur et dur mais qui, grâce à sa palette étendue de musiques du monde et d'ailleurs, est à même de ravir et réunir sous une même bannière les amateurs de musique éclectique, allant du folk au rock musclé, en passant par la musique médiévale et quelques touches ethniques. Finalement, les passages les moins intéressants et les plus convenus sont ceux relevant de la sphère métallique, la faute à une lourdeur en décalage avec le reste du propos. L'absence d'un batteur attitré expliquant peut-être en partie cela.