Il y a plusieurs années, huit pour être exact , fut créé un jeune groupe du nom d’Evergrace dont le premier album sorti en 2007. C’est sous un nouveau nom de scène, Incrave, que le combo nous présente aujourd’hui un deuxième album intitulé "Dead End". Plusieurs particularités caractérisent cette formation. La jeunesse tout d’abord: en effet la moyenne d’âge tourne autour des 22 ans, ce qui fait passer les actuels trentenaires pour des anciens… La nationalité ensuite: il semblerait que le Nord soit très à la mode en ce moment, il n’est donc pas surprenant d’apprendre que les jeunes loups viennent d’Edsbyn, en Suède. Non, ils n’ont quand même pas l’accent ch’ti©. Enfin, et c’est ce qui nous intéresse le plus, l’orientation musicale: nombreux sont les genres et sous-genres peuplant le monde du Métal, mais il suffit de parcourir la playlist du groupe pour se faire une idée assez précise de leur domaine de prédilection: "Shadows In The Dark", "Touch Of Death", "Dead End", ou encore "Scream In Silence", ça ressemble à tout, sauf à du Happy-rock.
Une atmosphère sombre, une production estampillée Métal et de parcimonieuses touches symphoniques, c’est tout l’attirail d’Incrave qui joue sur les actuelles tendances du métal mélancolique pour ne pas dire mélo-dramatique. Un groupe de jeunes qui stigmatise le mal être de sa génération à travers une musique parallèle au mouvement gothique, mais davantage orientée Power métal. A travers les titres, on peut imaginer le contenu textuel des chansons. Ce n’est pas forcément le cas à l’écoute de la musique. Bien sûr, les amateurs d’atmosphères plus joviales ne seront pas clients du style mais soyons honnêtes, Incrave n’est pas angoissant pour un sou. Ni surprenant d’ailleurs.
C’est là tout le paradoxe de la formation qui joue la carte d’un style qu’elle n’assume pas vraiment. Du Dark-power-metal diraient certains. En fait, ni tout à fait dark –si ce n’est dans l’écriture- ni tout à fait power-metal. Johan Falk, chanteur de son état, ne joue pas vraiment dans un registre émotionel et sa voix haut perchée aurait plus d’impact dans un registre orienté speed mélodique. L’utilisation du chorus pour donner un écho à la voix pourrait créer l’atmosphère désirée s’il était utilisé de façon moins systématique. De plus, l’interprétation, redondante, mériterait plus de variations. Passée la première compo, "Shattered", plutôt satisfaisante, les titres se suivent et se ressemblent. Certains tics de chant ressortent, comme le fait de prolonger la note sur plusieurs secondes à chaque fin de couplet. Redondante également, la structure des chansons dont le thème est plus identifiable dans les couplets que dans les refrains.
Fort heureusement, le niveau technique est d’une maturité exemplaire. Les soli, fort bien construits ne jouent pas toujours la carte de la complexité. Parfois rapides, parfois discrets, ils se fondent parfaitement dans le paysage. Celui de "The Forgotten" par exemple, rapide et convenu, est très différent de celui de "Shadow In The Dark", tout en tapping. L’atmosphère est surtout créée par la rythmique et le clavier, souvent psychédélique et calé su le mode piano. Un bon point pour "Shades Of Me", titre à mi-parcours, dont la mélodie, le mid-tempo et l’univers ne peuvent laisser indifférent.
Il est dommage que tous les titres ne ressemblent pas à celui là et que majoritairement la construction en appelle à la monotonie. Mais ce n’est que le deuxième effort d’un jeune groupe qui a tout l’avenir devant lui. Souhaitons lui bonne chance et si possible, une happy end...