Certains albums rentrent dans la légende pour leur qualité artistique, d’autres en raison des évènements qui ont marqué leur existence, mais rares sont ceux réunissant ces deux paramètres. C’est pourtant le cas de ce "Neighbourhood Threat". Nous reviendrons sur ces monstrueuses qualités musicales un peu plus loin, mais avant, attardons nous un peu sur la genèse de cet opus. Johnny Crash se fait remarquer comme un super groupe dès sa création avec des membres de Champagne et Rock City Angels autour de Vicki James Wright, ancien chanteur de Tokyo Blade. Si par la suite, l’album ne reçu pas le succès qu’il aurait mérité à sa sortie, il bénéficia d’un single qui tourna sur MTV ("Hey Kid").
Mais c’est la suite qui donna son statut d’album culte à "Neighbourhood Threat". En effet, son successeur ne vit jamais le jour suite à des problèmes de label, et surtout à cause du décès du bassiste, Andy Rogers, des suites d’une overdose. Pourtant les sessions d’enregistrement sont allées à leur terme et la distribution de cet album est toujours espérée par les die-hard du groupe qui rêvent d’une suite au diamant brut que nous allons vous présenter.
Johnny Crash, c’est d’abord un style que nous appellerons du Sleaze-Blues-Hard-Rock en raison du mélange de ces différents genres qui rend les racines musicales du groupe évidentes mais dont l’alchimie offre une identité propre à ce combo. L’autre ingrédient incontournable du quintet vient de la voix de Vicki James Wright, sorte d’hybride de Bon Scott et Angry Anderson (Rose Tattoo), mariant le grain du premier et la gouaille du second. Les groupes respectifs de ces deux frontmen légendaires sont d’ailleurs incontournables dans les influences de Johnny Crash. De plus, il partage avec ses glorieux aînés, un goût immodéré pour la gente féminine que ses paroles mettent en valeur avec énormément de délicatesse… Si vous en doutez, prêtez attention aux doubles sens utilisés sur le blues "Baby’s Like A Piano" qui clôt l’album.
L’allusion à ce titre n’est pas non plus innocente car elle donne l’occasion de souligner l’utilisation de titres ou de passages bluesy qui permettent à l’album de respirer en variant les tempos. C’est le cas avec "Freedom Road" ou avec l’introduction malsaine de "Crack Of Dawn". Mais ces ralentissements ne nuisent aucunement à l’homogénéité des 11 titres qui ont en commun des riffs d’une efficacité redoutable, ainsi que des refrains tous plus obsédants les uns que les autres. Si vous rajoutez à cet ensemble une énergie dévastatrice et un enthousiasme communicatif, vous obtenez ce brûlot où le mid-tempo bluesy de "Thrill Of The Kill" voisinera avec la tornade de "Axe To The Wax" sans que le sourire qui barre votre visage ne s’altère à aucun moment.
Enfin, même s’il est injuste de ne pas citer chaque titre, l’album ne souffrant d’aucune baisse de qualité, nous ne pouvons pas conclure cette présentation sans parler de 2 morceaux en particulier. Le premier est le single "Hey Kid", Hard-Rock AC/DCien sous amphétamines punkisantes, aux paroles que le teigneux chauve de Rose Tattoo ne renierait pas car narrant les déboires d’un jeune vivant dans la rue. Le second, "Trigger Happy", fera céder les nuques les plus solides à force de breaks et de reprises irrésistibles.
Autant dire que le seul défaut qui puisse être relever pour ce "Neighbourhood Threat" est son statut de fils unique. En effet, les 40 minutes d’écoute passent beaucoup trop vite, et même si le fait de relancer le lecteur plusieurs fois d’affilée n’a rien de choquant, il n’empêche qu’il serait bien agréable d’écouter une autre série de titres de ce calibre. Il n’y a pas à dire quand-même, mais la rock’n’roll way of life, malgré tout l’amour que nous lui portons, aura tout de même été responsable de sacré gâchis.