Il y a des groupes qui ne demandent pas plus de 2 écoutes pour que l’on adhère à leur univers sonore. Généralement, ce sont ceux qui ont réussi à dépouiller leur musique de tous les artifices pour la rendre la plus sincère possible. Shearwater, qui doit son nom à la passion de son leader Jonathan Meiburg pour l’ornithologie, fait partie assurément de cette catégorie de musiciens que l’on peut appeler des artistes. D’ailleurs sa musique ne renvoie-t-elle pas parfois (un peu trop) à celles de ces auteurs singuliers que sont Nick Drake et Jeff Buckley ?
Les orphelins de Talk Talk période « Spirit of Eden » et de Mark Hollis doivent absolument jeter une oreille attentive à la musique de Shearwater et « Rook », leur nouvel album, est le média idéal. A l’instar de Palo Santo, leur précédent album, il possède la même délicatesse, le même esprit intemporel sachant alterner sérénité et explosion sonore comme sur le superbe « On the death of the Water », les morceaux phares faisant office de single potentiel tel « Rooks » que l’on peut écouter 10 fois de suite sans se lasser ainsi qu’une unité de ton qui ferait presque passer l’album pour un concept. L’utilisation du piano, des cordes et des cuivres composent l’ossature musicale des morceaux, la voix de tête de Jonathan Meiburg habillant le reste. L’album est relativement court (moins de 40 minutes) mais rien n’est superflu.
Pour le moment, Shearwater reste encore un groupe relativement confidentiel (surtout en Europe) mais je peux vous assurer que ceux qui tomberont sous le charme de leur musique auront l’impression d’avoir découvert un trésor et souhaiteront probablement connaître le reste de leur discographie. L’album précédent est d'ailleurs du même acabit.
« Rook » ou comment concilier la facilité d’approche de la pop avec les exigences de la musique contemporaine... Mark Hollis a défriché le terrain en son temps avec Talk Talk, finalement peu de groupes ont suivi cette route (on peut citer néanmoins Bark Psychosis). Il semblerait Shearwater soit enfin prêt à prendre la relève alors bon voyage...