C'est après s'être fait viré du groupe Hawkwind pour cause de consommation de substance illicite, que Lemmy Kilmister décide de fonder son propre groupe. En 1975, accompagné de Larry Wallace (guitare) et de Lucas Fox (batterie), il crée un groupe nommé Bastard, qui devient très vite Motörhead. La même année, le groupe enregistre son premier album mais leur label de l'époque, United Artists Records, ne croit pas en son potentiel commercial et suspend la parution. Malgré le désaccord de Motörhead, c'est en raison du succès des albums "Overkill" et "Bomber" parus en 1979, que United Artists se décide finalement à faire paraître, à la fin de la même année, le disque intitulé alors "On Parole".
Toujours est-il que malgré cet échec avec United Artists, Lemmy ne se décourage pas et c'est avec un line-up renouvelé (Larry Wallace et Lucas Fox ont quitté le navire et sont respectivement remplacés par "Fast" Eddie Clarke et Phil "Philthy Animal" Taylor), qu'il décide en 1977 de réenregistrer l'album avec un autre label, Chiswick Records. Seuls les morceaux "Fools" et "Leaving" figurant sur "On Parole" ne seront pas réenregistrés pendant les sessions d'avril et mai 1977. Par contre, trois nouveaux titres feront leur apparition sur ce disque : "White Line Fever", "Keep Us On The Road" et "The Train Kept A Rolling".
Lemmy, refusant d'être enfermé dans une catégorie musicale, a toujours défini et définira toujours la musique de Motörhead comme tout simplement du rock'n'roll. Et autant dire que ce premier disque est un pur concentré de hard'n'roll, avec même un côté punk particulièrement évident sur les titres "Vibrator" ou "City Kids". D'ailleurs ce petit côté sera toujours perceptible chez Motörhead, que ce soit dans la musique ou dans l'attitude, ce qui explique sans doute pourquoi le groupe jouira d'une certaine popularité dans le milieu punk. Quant au titre "The Train Kept A Rolling", c'est un morceau purement rock'n'roll et Motörhead, avec un tel titre aurait tout aussi bien pu faire l'affaire que le groupe The 5.6.7.8'S dans le film Kill Bill de Quentin Tarantino.
Déjà avec ce disque, Motörhead affirme sa propre identité musicale avec un style, et déjà un son, propres au groupe, reconnaissables dès les premières notes jouées. Identité visuelle également avec Snaggletooth, crée par Joe Petagno, la tête aux crocs acérés qui nous "sourit" sur la pochette du disque et qui deviendra la figure emblêmatique, l'effigie du groupe, apparaissant sur la plupart de ces disques.
En bref, un excellent premier disque, où Eddie Clarke donne toute la mesure de ses talents de soliste (quelle époque bénie où les soli de guitare ne duraient pas que 10 secondes !!) et où on se délecte du jeu de batterie de Phil Taylor. Quant au jeu de basse de Lemmy, c'est à la fois puissance et finesse rythmique. Et si je ne devais retenir que deux ou trois titres en particulier, choix difficile au demeurant, ce serait "Motörhead", grand classique du groupe parmi les classiques, "Iron Horse/Born To Lose" sorte de blues dans l'âme mais sans en être un à proprement écouter, ainsi que "The Watcher".
A noter que sur la réédition CD de cet album, proposée à partir de 2001 par Axe Records, figurent 4 titres bonus. Ces titres furent enregistrés pendant les mêmes sessions que ce disque et furent publiés en 1980 sur le EP "Beer Drinkers & Hell Raisers". Deux des titres sont des compositions originales ("On Parole" et "Instro", un des rares instrumentaux de Motörhead), les deux autres étant des reprises de ZZ Top ("Beer Drinkers & Hell Raisers") et de John Mayall et les Blues Breakers ("I'm Your Witchdoctor").