C'est avec cet album que le monde découvre les quatre Brésiliens de Sepultura, encore bien jeunes et à l'anglais exécrable. Personne ne les attendait et ce n'est pas le pourtant excellent "Schizophrenia", album précédent passé quasi inaperçu à l'époque qui aurait pu laisser deviner le succès et l'engouement phénoménal qu'a suscité ce "Beneath The Remains". A la fin des années 80, le nom de Sepultura commence à peine à circuler en Europe et aux Etats Unis. Roadrunner, label indépendant alors bien loin de l'industrie que l'on connait à présent, s'intéresse au groupe et lui propose un contrat de 7 albums.
L'enregistrement de "Beneath the Remains" n'est pas des plus serein. Roadrunner qui estime le potentiel commercial du groupe fort incertain ne prend aucun risque et limite son investissement au strict minimum. L'enregistrement a lieu au studio Nas Nuvens de Rio de Janeiro, considéré comme l'un des meilleurs du pays, mais pas destiné à enregistrer du metal. Le groupe est contraint d'enregistrer uniquement la nuit mais en deux semaines l'affaire est presque bouclée. C'était sans compter sur la table de mixage qui rend l'âme le dernier jour, forçant Max à se rendre à Tampa pour finir de mettre en boite le chant. C'est à cette occasion que sont enregistrées les voix de "Stronger Than Hate" où apparaîtront en guest Kelly Shaefer d'Atheist, John Tardy d'Obituary, Scott Latour et Francis Howard d'Incubus.
Le résultat est surprenant et le groupe méconnaissable par rapport à "Schizophrenia". Là où ce dernier avait des allures parfois laborieuses, tout ici est fluide et spontané. Le groupe a enfin un son à la hauteur de son Thrash/Death sombre survitaminé. Cinq tubes absolus ressortent du lot, à savoir dans l'ordre d'apparition le brutal "Beneath The Remains", le plus intimiste "Innerself", les "Mass Hypnosis"et "Slaves of Pain" aux mélodies, refrains et à l'énergie captivantes, et finalement le furieux "Primitive Future" qui clot l'album. La recette de ce dernier sera d'ailleurs reprise pour "Infected Voice" de l'album suivant "Arise" qui lui ressemble comme deux gouttes d'eau, et choisi lui aussi comme dernier titre.
A la rapidité des riffs et des rythmes répondent parfaitement des mélodies entêtantes écrites par un Andréas Kisser qui fait étalage de tout son talent de soliste, qualité qu'il réfutera bizarrement plus tard, limitant ses soli dans ses compositions... Igor nous fait une véritable démonstration derrière ses fûts, sa dynamique, sa précision ses variations sont exemplaires, et il s'établit comme l'un des tout meilleurs batteurs de métal.
A partir de cet album et pour quelques années à venir, la presse n'aura de cesse de comparer voire de confronter Sepultura à Slayer, ce qui n'aura bien souvent pour effet que de diviser le public thrashisant en deux clans bien distincts. A l'arrivée nous voilà devant un monument de Thrash/Death toutes époques confondues et qui semble ne pas prendre une ride malgré les années.