Nous sommes à la fin des 70’s et l’éternel live Strangers In The Night n’est pas encore sorti. L’année précédant sa parution, soit en 1978, l’OVNI anglais propose Obsession un album studio, son dernier de la décennie.
Lors des trois années écoulées, la bande à Mogg était sortie de l’ombre avec la triplette vinylique à succès que fût Force It / No Heavy Petting / Lights Out. Obsession ne frissonna pas autant sous les caresses de l’enivrante Madame Réussite Commerciale. Curieusement pourrions nous dire, car s’il est un album mésestimé d’UFO, c'est bien celui-ci. Il s'agit pourtant d'un petit bijou bleu. Bleu comme la couleur du fidèle label Chrisalys et celle dominante de son onirique pochette. Onirique ou plutôt ironique ! Pourquoi me direz-vous ? Et bien parce que représenter en recto-verso tous les membres du groupe avec des billes métalliques obstruant leurs yeux et leurs bouches, tous sauf Michael Schenker, n'est pas innocent. Le germanique guitariste semble devenir envahissant, ce qui malheureusement ici va de paire avec la mégalomanie et donc la tyrannie musicale… « Poussez-vous de là que je m’y mette » en substance…
Résultat, le Schenk quittera le navire juste avant la sortie de Strangers In The Night qui gravera tout de même dans le marbre ses gigantesques prestations scéniques. Et de prestations énormes, il en est aussi question dans Obsession. L’allemand y est omniprésent certes, mais l'est magnifiquement.
Qu’importe que seul Only You Can Rock Me figure sur le live à venir. Vous trouverez dans cet opus tout ce que l’on aime chez UFO: les mélodies à tomber, l’onde cristalline jaillissant de la Flying V du teuton, le ouaté des nappes de synthé de Paul Raymond et les classieuses envolées vocales de Phil Mogg.
Ici, pas un seul faux pas, quel que soit le genre abordé, que se soit le Hard Rock Mélodique avec le réputé Only You Can Rock Me, le magnifique One More For The Rodeo, You Don’t Fool Me et Hot’n’Ready, le Rock Hard Zeppelinien avec Pack It Up And Go et la tellurique rythmique d’Andy Parker, l’instrumental planant avec le très Jethrotullien Arbory Hill, le mid-tempo sensuel avec Ain’t No Body, le slow « pour emballer qui s’emballe à la fin » avec l’exceptionnellement beau Looking Out For N°1 ou encore l’envoutant Born To Lose qui aurait pu être sponsorisé par Kleenex.
Un carton plein tellement marquant que je me dois d’en rajouter une couche avec en guise de cerise sur le gâteau, les extra-multiples interventions de Schenker, que se soit sur les couplets, les refrains et les soli, tout bonnement a-hu-ri-ssan-tes !
Côté anecdotes pour les amateurs, sachez qu’Arbory Hill héritera de paroles sur le premier MSG et sera rebaptisé Tales Of Mystery et que Kirck Hammet, le gratteux de Metallica, lors de l’enregistrement du Black Album, avait demandé à son producteur de lui restituer sur disque le son de Schenker sur Obsession... Ni plus, ni moins !
Allez, Musicwavesophiles de bon goût, jetez-vous sur Obsession, vous ne le regrettez pas contrairement à votre lecteur CD qui risque fort de chauffer tant vous le solliciterez en réécoutes passionnées… et obsessionnelles ?